Primaires du PS : le râteau à 7 dents (la septième : Mélenchon)
Edt pour vivelepcf, 7 octobre 2011
La mise en scène des « primaires » du PS bat son plein. L’opération politicienne est grossière.
Il y a un seul programme pour tous. Il y aura un seul candidat sur lequel ils se rallieront tous, très probablement M. Hollande. Il y aura des places ministérielles dans le même gouvernement pour chacun en cas d’alternance. Mais pour l’instant, il y a 6 prétendants.
Outre les ambitions personnelles, le jeu consiste pour eux à adopter une pose, à incarner un positionnement étudié sur une échelle allant de la « gauche radicale » à la « gauche réaliste ».
M. Baylet est là pour lorgner vers l’électorat petit-bourgeois mou du « centre ». M. Valls vers un peu les mêmes mais avec un profil plus « moderne ».
On pourrait rire de voir M. Montebourg, porte-parole de Mme Royal en 2007, jouer l’aile la plus « gauche » aujourd’hui ou Mme Aubry, championne des cadeaux au patronat au nom des 35 heures, se voir édifier une image « sociale ».
Il s’agit de ratisser le plus largement au premier tour les voix de tous ceux qui nourrissent un espoir de changement, notamment à gauche, vers la candidature d’alternance du PS.
Il s’agit aussi d’enfermer le plus possible, et le plus tôt possible, le débat public, le mouvement social dans la seule perspective de l’élection présidentielle. Ce n’est pas un hasard si la droite et PS sont ensemble à l’origine du quinquennat en 2000 : une seule échéance décisive tous les cinq ans. Avec les primaires, le PS renforce à son tour la personnification trompeuse de la politique autour d’un président présenté comme tout-puissant.
En fait de modèle démocratique, le PS fait le choix de s’inspirer du pire, celui des Etats-Unis !
Les débats télévisés ont été totalement convenus. Chacun a joué sa partition.
Mais les limites qui seront celles du candidat retenu apparaissent déjà. Il lui faudra doser entre les promesses qui n’engagent que ceux qui y croient et la préparation de la version PS de la politique européenne antisociale qui sera réellement menée.
On se souvient qu’un mois après sa victoire en 1997, M. Jospin reniait sa parole et privatisait France-Télécom. En Grèce en 2009, les socialistes de M. Papandréou ont été élus sur la promesse d’une augmentation générale de 5% des salaires…
Sur une question de forte actualité, après le succès de la journée de grève et de manifestation des enseignants le 27 septembre, M. Hollande est ainsi bien prudent. Finalement, il se prononce pour le rétablissement des 60.000 postes supprimés depuis 2007, mais échelonné sur 5 ans et couplé avec la limitation des redoublements (quel rapport ?).
En juin 2012, au nom de la récession creusant le déficit public ou d’une attaque de la finance sur la France, ce type de promesse va s’envoler.
Les vrais choix du PS, on les retrouve dans le vote avec la droite du plan d’étranglement de la Grèce, dans la ratification avec la droite en 2008 du Traité de Lisbonne, dans le soutien fondamental à l’UE du capital et à l’euro ou bien à la guerre en Libye...
Sur un autre point en particulier, les déclarations des postulants et leur programme sont très inquiétants. Mme Aubry comme M. Hollande annoncent de nouvelles exonérations de cotisations sociales patronales. Ils se prononcent pour un basculement de cotisations sociales, au nom de la recherche de « compétitivité » et « des PME », vers un prélèvement « sur la valeur ajoutée ». Les économistes socialistes avancent l’idée d’une fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu. Il y a là un danger majeur. Après 2012, c’est peut-être à la gauche, déjà à l’origine de la CSG, que reviendra la destruction du financement de la sécurité sociale par le salaire socialisé que le patronat a dû concéder après 1945. Une extrême vigilance s’impose.
Il est bien évident qu’une réélection de Sarkozy permettrait au capital d’aller encore plus vite et plus fort dans la déstructuration des acquis sociaux et démocratiques du pays. Il faudra le battre, éloigner l’extrême-droite.
Mais ce n’est pas une raison pour semer la moindre illusion sur les choix économiques de la social-démocratie.
Désespérément, il manque un acteur décisif dans la vie politique et les luttes : le PCF, maintenant effacé dans le Front de gauche derrière M. Mélenchon.
Les primaires du PS font tout pour montrer l’étendue du rassemblement, élastique, que peut représenter son candidat en 2012. Mais, il ne pourra pas tout ratisser au 1er tour. A côté de Mme Joly, qui s’est découverte écologiste après avoir flirté avec M. Bayrou, M. Mélenchon est la septième dent du râteau socialiste.
Pendant 31 ans, la direction du PS a laissé à cet admirateur inconditionnel de Mitterrand une (bonne) place pour jouer l’aile gauche du PS. Maintenant il tient le même rôle, mais à l’extérieur, avec toujours la même virulence pour le masquer.
Son programme ne sait que surenchérir sur celui du PS pour mieux le valider. Surtout, il se garde de porter toute rupture sur le fondamental, comme l’intégration européenne et l’euro. Fin août, Mélenchon commençait à retendre la main à ses anciens camarades. A la Fête de l’Humanité, ils sont venus ou presque le complimenter et se faire complimenter par lui à la barbe des communistes : Aubry, Royal, Montebourg. Le calcul est limpide, les décus de la désignation de Hollande trouveront un choix de compensation au 1er tour à « gauche » pour mieux les canaliser vers M. Hollande.
Le choix de la direction du PCF de poursuivre le processus d’effacement du parti dans le Front de gauche, derrière Mélenchon et la social-démocratie place les communistes dans une situation difficile. Dans les prochains mois, la perspective politique va être littéralement écrasée par la mise en scène de la campagne électorale, sans que le PCF puisse s’y faire réellement entendre. En même temps, se prépare des mauvais coups sans précédent contre les travailleurs.
Plus que jamais la place des communistes est dans les luttes pour mettre en avant les vraies ruptures nécessaires, qui seront absentes ou caricaturées dans la campagne électorale, et pour préparer avant, comme après les élections, la riposte organisée qui sera nécessaire.