Les JC de Paris 15ème échangent avec des jeunes communistes grecs (KNE) : instructif et revigorant !
Compte-rendu pour http://jeunescommunistes-paris15.over-blog.com/
Mardi 14 février 2012, le cercle des jeunes communistes du 15ème a invité des représentants de la Jeunesse communiste grecque (KNE). Plus d'une trentaine de jeunes étaient présents. Les échanges ont été d'une grande richesse.
Introduisant la réunion, Anthony Crézégut, secrétaire de la JC du 15ème, a expliqué pourquoi les jeunes communistes français portent un grand intérêt à la situation grecque en général, à l'action des organisations communistes grecques (KKE, KNE) en particulier.
La Grèce constitue le laboratoire des politiques de super-austérité, préparées et menées, successivement puis ensemble, par la droite et la « gauche » de gouvernement. Elle montre qu'il n'y a pas d'illusions à semer sur les échéances électorales françaises de cette année (sans pour autant les négliger pour mieux préparer la riposte).
Les communistes grecs jouent un rôle primordial dans l'impulsion et l'élargissement des luttes. Même les médias français n'arrivent pas complètement à le nier. Les organisations communistes conduisent leur action sur une base de classe dans les entreprises, en direction de tous les travailleurs, des jeunes, dans le mouvement syndical. Leur refus d'être une force d'aménagement du système, leur perspective révolutionnaire, entravent les calculs des capitalistes grecs et européens.
L'expérience grecque révèle aussi, sans appel, la véritable nature de l'Union européenne, instrument du capital pour casser les acquis démocratiques et sociaux des travailleurs de chaque pays. Elle donne raison aux camarades grecs qui, internationalistes conséquents, combattent toutes les illusions propagées sur « l'Europe de la solidarité » ou « l'Europe sociale ».
Anthikos Bellas, représentant de la KNE en France, a d'abord rappelé la longue liste des mesures d'austérité adoptées depuis 2010 et le chantage orchestré par le gouvernement et l'UE au nom de la dette.
Il a ensuite résumé l'analyse de la crise par les communistes grecs. Elle contredit et démonte certaines affirmations de l'idéologie dominante qui pénètrent jusque dans nos rangs en France.
Non cette crise n'est pas financière, c'est une crise du capitalisme.
Non l'Europe n'est pas et ne peut pas être un espace de coopération mais elle une organisation au service du capital qui ne concevra de « solutions » que dans son intérêt. Des organisations comme Synapsismos en Grèce (coalition de « gauche ») ou le PGE au niveau européen propagent des illusions réformistes sur l'UE. Ils prônaient par exemple la restructuration de la dette : c'est ce qui est appliqué aujourd'hui par le gouvernement et l'UE pour imposer de nouveaux sacrifices aux travailleurs !
Anthikos est revenu sur la conception de l'organisation communiste en Grèce, qui fait sa force et son efficacité. A la grille d'analyse marxiste de la crise capitaliste, plus que jamais validée, correspond une organisation léniniste centrée sur les lieux d'exploitation (cellules d'entreprise, ou, pour la KNE, sur les lieux d'étude, lycées et facs).
L'implication du KKE dans le mouvement syndical (avec le PAME que les communistes animent) joue un rôle capital dans l'élévation du niveau des luttes sur des positions de classes avec des effets importants sur toute la vie syndicale et politique du pays.
Les jeunes communistes grecs ont ensuite répondu aux nombreuses questions liées à nos préoccupations en France. Notamment :
Au quotidien, qu'est-ce qu'une véritable organisation de classe et de masse ? Un exemple concret a été donné : l'action dans les comités de quartier qui, fin 2011, ont animé la lutte contre la nouvelle taxe scandaleusement intégrée aux factures d'électricité, en encourageant les gens à refuser de payer, en rétablissant le courant en cas de coupure.
La sortie de l'euro et de l'UE s'impose-t-elle ? Les communistes grecs se sont toujours opposés à la construction européenne comme une machine à broyer les peuples. Ils appellent à la sortie de l'UE tout en insistant sur le fait qu'elle doit s'articuler à une politique de rupture avec le système capitaliste.
Les élections occupent tout l'espace en France, avec comme seule perspective l'union de la gauche. Qu'en est-il en Grèce ? Pour les camarades grecs, les élections ne sont qu'un moment, important certes, dans le développement des luttes.
Certains commentateurs, mal intentionnés, s'amusent à additionner les scores dans les sondages du KKE, de Synapsismos et d'un parti social-démocrate nouvellement monté. Un monde sépare le KKE de ces formations. Synapsismos s'inscrit dans l'aménagement du système (ex : son programme de restructuration de la dette) et dans la légitimation de l'UE du capital (« Europe sociale »). Elle est ouvertement une formation anti-communiste.
Le KKE et la KNE proposent l'unité, mais l'unité d'action à la base, une alliance sociale avec le peuple et non un cartel électoral de plus.
Quelle spécificité de l'organisation de jeunesse communiste dans tout ça ? La KNE impulse des luttes spécifiques. Par exemple, elle s'investit dans les lycées, avec une coordination nationale des lycéens, active dans de multiples luttes depuis 2008, pour une éducation de qualité pour les enfants de milieux défavorisés. La KNE a joué un rôle majeur pour empêcher la dégénérescence du mouvement lycéen soit vers le phénomène des casseurs, soit vers la tentation a-politique de type « indignés ». La KNE travaille à ce que les lycéens et étudiants rejoignent la lutte des travailleurs grecs pour leurs salaires et leurs conditions de vie. Elle est aussi une instance de formation des futurs militants du Parti.
L'analyse et l'expérience de nos jeunes camarades grecs sont sources d'espoir pour nous, jeunes communistes français. Elles nous montrent qu'il est possible de développer une organisation communiste forte, combative, fidèle à des positions de classe.
Il y a une autre perspective possible que la résignation, que l'accommodement, même critique en apparence, avec le système capitaliste : une perspective révolutionnaire.
L'idéologie dominante est à la fois plus forte que jamais en cette période électorale mais aussi d'une faiblesse sans précédent dans un capitalisme en crise qui doit recourir à des solutions de plus en plus autoritaires dans toute l'Europe.