Albert Camus au Panthéon : réactions à la réaction du Bureau de presse du PCF
Plusieurs de nos lecteurs se sont étonnés et offusqués de la déclaration du Bureau de presse national du PCF datée du 20 novembre 2009 à propos du transfert envisagé par N. Sarkozy de la dépouille d’Albert Camus au Panthéon.
Notamment de cette phrase qui précède de peu une évocation de Guy Môquet: « Albert Camus, c’est la révolte, la liberté, le combat pour l’Algérie ».
En effet ! Jusqu’au bout, notamment dans son mémoire « Algérie 1958 », Camus s’apitoie certes sur les injustices passées du colonialisme mais nie tout droit national et même toute existence nationale au peuple algérien. Il ne dénonce pas la guerre colonialiste, n’envisage pas d’avenir autrement que sous la domination de la France.
Il serait inconcevable, qui plus est pour nous communistes, de faire de Camus une figure morale de l’anticolonialisme.
De Camus, qui, pour reprendre la phrase célèbre renvoyée aux étudiants algériens à Stockholm après que l’Académie Nobel lui a décerné son prix, « défendrait sa mère avant la justice »
De Camus qui met en garde en 1958 le gouvernement français devant des décisions en Algérie qui signifieraient « pour la nation française le prélude d’une sorte de mort historique et, pour l’Occident, le risque d’un encerclement qui aboutirait à la kadarisation de l’Europe et à l’isolement de l’Amérique ».
Qu’Albert Camus fut un « immense écrivain », cela ne nous pose pas question.
Que Sarkozy et ses conseillers cherchent à récupérer la mémoire de « grandes figures françaises », c’est sûr.
Mais le PCF ne saurait reprendre à l'inverse la mémoire d’un « homme de gauche » qui fut atlantiste, anticommuniste, opposé aux droits du peuple algérien…
Camus n’appartient pas au Panthéon des militants anticolonialistes pas plus qu’au Panthéon des communistes.
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