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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 22:35

A lire : « De l’Indochine coloniale au Vietnam libre » par Albert Clavier

Albert-Clavier.jpg

Nous ne saurions trop recommander la lecture passionnante du livre autobiographique de notre camarade Albert Clavier. Son parcours de communiste est singulier.

Engagé, au plus jeune âge, par erreur puis malgré lui, dans le corps expéditionnaire en Indochine, il prend conscience de l’injustice et de l’horreur de la guerre coloniale. Le Viet-Minh rentre par hasard en contact avec lui et découvre un anticolonialiste, un communiste.

Albert Clavier fait ensuite le choix hautement conséquent d’accepter de rejoindre la résistance, l’armée populaire. Ce qui le conduit à être un témoin et un acteur, dans des conditions très difficiles, de la guerre d’Indochine de l’autre côté, du bon côté, avec les expériences humaines et politiques extraordinaires que cela a représenté. Il apprend même le vietnamien dans les montagnes.

Là-bas, il se trouve dans une situation quasi unique pour mettre en pratique la ligne du PCF telle qu’Henri Martin, d’une autre façon, l’a si courageusement personnifiée.

Après 1954, interdit de retour en France (condamné à mort par contumace), il reste au Viet-Nam libre, assiste et participe à l’essor, contrarié par la pression étrangère, de l’Etat socialiste au nord. Intégré au parti, il est témoin de l’intérieur de la lutte d’influences et de l’offensive maoïste qui l’atteignent dans les années 60.

Puis il est amnistié et rentre en France puis part en Hongrie, autre volet d’une position peu commune d’observateur des expériences socialistes du 20ème siècle.   

Fort de cet engagement, Albert Clavier continue inlassablement, depuis son retour en France, à défendre l’existence de notre grand parti dont sa vie a illustré, dans une position très spéciale, certains des plus beaux combats.

Nous reproduisons ci-dessous l’article de l’historien Alain Ruscio consacré au livre d’Albert, publié dans l’Humanité du 18 octobre 2008. Plusieurs sections du PCF font une diffusion militante du livre (contact : pcf15@wanadoo.fr)

La seconde patrie d’un républicain sincère qui combattit pour libérer le Vietnam

De l’Indochine coloniale au Vietnam libre. Je ne regrette rien,

d’Albert Clavier, Éditions Les Indes Savantes, 2008, 208 pages, 23 euros.

Voilà un parcours clairement décrit… et fièrement revendiqué ! Albert Clavier a lié sa vie (au point, parfois, souvent, de la risquer) au combat du peuple vietnamien, il y a plus d’un demi-siècle. Jeune, à dix-huit ans, il s’engage, en 1945, dans l’armée, sans trop, à vrai dire y avoir réfléchi. 1945 : fin d’une guerre, celle menée victorieusement contre le nazisme ; mais aussi début d’une autre, que le colonialisme français va imposer aux peuples d’Indochine. Et, très vite, notre soldat bien peu motivé va comprendre que ce conflit-là n’est pas le sien. Contrairement à bien d’autres, il s’interroge, il cherche à comprendre le Vietnam, il ouvre le dialogue avec des gens du peuple. Au point de commettre des imprudences : la sûreté risque de le repérer. En décembre 1949, il rejoint les rangs de l’armée populaire. « Déserteur » ? L’auteur préfère mettre des guillemets : « Je ne trahis pas mon pays, ma patrie. Je l’aime et je suis fidèle à ses idéaux, liberté, égalité, fraternité, en soutenant la lutte de libération d’un peuple. » Commence alors une partie de sa vie dont le récit, pour le lecteur, pour l’historien, est la plus captivante. Car ce témoin partage tous les combats, toutes les aspirations des maquisards, mais aussi toutes leurs souffrances, leur vie rudimentaire. Albert Clavier décrit remarquablement bien le climat politique qui régnait alors dans les rangs du viêt-minh : confiance en la victoire, fraternité vraie, égalité, parfois égalitarisme, entre les hommes. Sans masquer cependant la méfiance, çà et là, de la part de cadres hostiles, voyant des traîtres partout. Le livre montre également la montée en puissance de la lutte, passant de la guérilla à l’organisation d’unités aguerries, jusqu’à l’assaut final de Dien Bien Phu. L’auteur précise d’ailleurs qu’il s’est toujours refusé à participer aux combats - et, d’ailleurs, les Vietnamiens n’avaient ni le besoin, ni la volonté de le lui demander -, ne voulant en aucun cas tirer sur ses compatriotes. Que faire alors ? Il participe à la propagande en direction des soldats du corps expéditionnaire, notamment en étant l’un des voix françaises de la radio.

Puis, après Diên Biên Phu et l’arrivée à Hanoi commencent dix années tout aussi intéressantes, mais bien moins exaltantes. C’est alors le quotidien d’un socialisme en construction que Clavier nous décrit. Avec, là encore, une sincérité qui ne cache rien. L’épisode de la maoïsation du Parti vietnamien, qui aboutit à des méfiances détestables, est par exemple décrit. Saluons au passage le portrait de Duong Bac Mai, un grand militant justement réhabilité, victime de cette maoïsation. Albert Clavier, qui ne peut supporter cette évolution, est isolé. En 1963, dépité, il quitte cette terre du Vietnam où il vient de passer ses meilleures années. Le reste n’est pas moins intéressant, mais sans conteste moins spectaculaire : une permanence au siège de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique, à Budapest, un travail particulier, à Interagra, dans les affaires avec le monde socialiste d’alors. C’est pourtant, encore et toujours, au Vietnam que sont consacrées les dernières pages du livre. Malgré les cicatrices du passé, malgré les incertitudes du présent (le maoïsme égalitariste est bien loin…), Albert Clavier observe sa seconde patrie et écrit : « Je ne regrette rien. »

(*) Dernier ouvrage publié : Cambodge An 01, Les Indes savantes 2008.

Alain Ruscio, historien (*)

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commentaires

G
<br /> Bonjour,<br /> <br /> J'aimerais savoir comment on peut contacter Mr Albert Clavier.<br /> Je suis un jeune documentaritse et je suis très intéressé par son histoire.<br /> Merci.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Pour en finir avec la repentance coloniale<br /> <br /> <br /> Or, le passé colonial construit par les Repentants entretient un rapport assez lointain, sinon totalement artificiel, avec la réalité des situations coloniales, telles que plusieurs générations<br /> d’historiens, progressivement, les établissent. Plutôt qu’un Livre noir, c’est un Roman noir du colonialisme qu’ils nous livrent. Car, contrairement à ce qu’ils veulent faire croire, leurs histoire<br /> n’est pas une histoire de la colonisation, mais un simple florilège de discours tenus sur la colonisation. Dans la plupart des cas, ce qui tient lieu d’argumentation se limite à la reproduction de<br /> fragments de textes ou d’images, dont la sélection jamais réellement explicitée, relève de l’arbitraire. On pourrait, et certains ne s’en privent d’ailleurs pas, écrire avec ce procédé, un Livre<br /> blanc de la colonisation, diamétralement opposé à celui des Repentants. Rien ne serait plus facile, en effet, que d’aligner autant de citations à la gloire de l’œuvre coloniale de la France, y<br /> compris tirées d’auteurs «indigènes», que les textes de condamnation qui font le miel de nos auteurs.<br /> <br /> À l’occasion, le Repentant n’hésite pas à donner un coup de canif à sa vertu : lorsque sa démonstration l’exige, il l’appuie sur une citation tronquée, détournée de son sens. Cette méthode n’est<br /> pas sans rappeler celle des régimes totalitaires qui effaçaient des photographies officielles les personnalités tombées en disgrâce. Les mauvaises causes appellent toujours de mauvais procédés.<br /> <br /> Contrairement à la méthode historique soumise à la «dictature de la chronologie», les citations utilisées sont présentées au mieux dans le cadre d’une chronologie floue, le plus souvent sans ordre<br /> chronologique du tout. Cette confusion repose sur l’idée que le temps et colonial est un ensemble homogène, caractérisé par une continuité sans faille des principes et des pratiques, apparentant la<br /> domination coloniale à un système totalitaire. Empruntant une démarche téléologique qui ramène à Bossuet, il s’agit, pour les Repentants de révéler «la nature» de l’Etat colonial et ses principes -<br /> extermination des populations autochtones, domination arbitraire fondée sur une violence sans contrôle, pillage des ressources des colonies et exploitation éhontée des indigènes - pas d’en écrire<br /> l’histoire.<br /> <br /> Peu importe, d’ailleurs, que les propos mentionnés manifestent les opinions, les désirs, ou les rêves de leurs auteurs plutôt qu’ils ne témoignent des réalités, peu importe leur impact effectif sur<br /> les événements. Les représentations sont substituées au réel, sont confondues avec lui, les mots deviennent la seule réalité. Or, les historiens le savent, s’en tenir aux textes n’éclaire en rien<br /> les politiques réelles mises en œuvre dans les territoires colonisés : «la pratique de l’histoire dans ce qu’elle possède d’aspects irréductiblement pragmatiques, ne permet pas de penser que<br /> l’histoire des idées puisse rendre compte de la totalité du cours des choses et oblige à comprendre comment les idéologies et les mentalités sont mises en œuvre par les individus et les groupes, au<br /> fil des engagements politiques et sociaux» (Jean-Clément Martin). Il ne suffit pas, on le sait bien, qu’une loi soit votée pour qu’elle soit appliquée et appliquée dans l’esprit du législateur. Il<br /> revient justement à l’historien de lever le voile, d’aller regarder, au-delà des mots, les réalités.<br /> <br /> Cette détestation du passé colonial de la France – à moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’une détestation de la France elle-même - conduit nos Repentants à juger les hommes du passé à l’aune<br /> des critères moraux, voire judiciaires, actuels. Colbert, Gambetta et Jules Ferry, Bugeaud, Gallieni et Lyautey, bien d’autres encore, relèveraient ainsi d’un nouveau Nuremberg. On sombre là dans<br /> «le sacrilège de l’anachronisme», ce péché mortel des historiens, dénoncé naguère par Lucien Febvre.<br /> <br /> Daniel Lefeuvre<br /> <br /> <br />
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