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36ème congrès du PCF: accès au dossier (en lien)

       
       
         
1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 18:48

Voici l’interview de Fosco Giannini, dirigeant du Prc, dans le numéro du 22 janvier de Rinascita. Giannini est directeur du journal L’Ernesto, qui est aussi un courant du Prc regroupant les éléments les plus déterminés à reconstituer l’unité des communistes dans un vrai parti communiste, de lutte de classe. L’interview est antérieure à la scission officielle des Vendoliens. Néanmoins, puisqu’elle planait depuis le début du mois, l’interview de Giannini centrée autour de cette question reste entièrement pertinente. (traduction AC pour vivelepcf)



Maintenant il est indispensable de s’unir

« Un parti à la hauteur de notre temps »

Rifondazione s’est trouvée dans les dernières semaines dans l’œil du cyclone à propos des polémiques autour de Liberazione. Quels sont les vrais termes de cette polémique?

 

La polémique sur le changement de directeur était tout simplement ridicule. La démission de Sansonetti était inévitable pour au moins trois raisons: l’énorme chute des ventes (de 12.000 exemplaires quotidiens, sous la direction de Sansonetti on est descendu aujourd’hui sous la barre des 6.000 exemplaires), l’endettement immense (sous la gestion de Sansonetti chaque jour que Liberazione sortait, on perdait 16.000 euros et le parti s’est trouvé dans la necessité de boucher un trou de plus de 3 millions d’euro), le choix d’utiliser le quotidien pour s’opposer à ce qui est la ligne politique depuis le dernier congrès du parti. Sur ce dernier point je veux rappeler qu’au congrès la ligne d’autonomie communiste de Rifondazione a gagné, tandis que de juillet à janvier Liberazione a chaque jour soutenu qu’il fallait dépasser le Prc: une schizophrénie qu’aucun groupe dirigeant ne pourrait supporter, dans aucun parti. En plus, nous avons été victime d’une accusation violente de la part du camp vendolien envers toute la majorité : l’accusation de stalinisme. Je la considère non seulement comme un gros mensonge, mais aussi comme une recherche désespérée d’un casus belli, sachant que la scission a été préparée depuis longtemps. La minorité ne reconnaît pas la légitimité de la victoire au congrès et s’oppose résolument au projet de relance de l’autonomie communiste. A la direction nous avons assisté à d’innombrables interventions non argumentées, dans une ambiance surréaliste. Le débat semblait se focaliser sur qui était staliniste ou non, éludant tous les vrais problèmes du Prc. De plus, je voudrais rappeler que les réflexions de Togliatti sur le stalinisme sont encore d’actualité, quand il affirmait que mettre toutes les fautes sur le dos de Staline, tout en évitant une analyse générale, risquait de faire croire que personne d’autre n’avait commis de faute. Et je fais cette référence tout en étant convaincu que discuter aujourd’hui du stalinisme à Rifondazione est tout aussi, si ce n’est plus, fou que surréaliste.

 

Quel jugement portes-tu sur la nomination de Dino Greco comme directeur de Liberazione?

 

Les camarades de l’Ernesto ont appuyé totalement le choix de Dino Greco, qui pendant des années a collaboré à notre revue y apportant une grande contribution. C’est un représentant de la gauche de la Cgil, d’une grande culture, inhabituelle pour un dirigent syndical. Il s’est engagé sur les thèmes de la lutte des classes, de la place centrale à accorder au travail, de l’immigration, contre l’industrie de guerre. Nous sommes certains qu’il saura maintenir le débat ouvert et dépasser la malhonnêteté apportée par Sansonetti à Liberazione.

 

Dans la réunion de votre direction, une grande partie des dirigeants vendoliens a confirmé leur l’abandon du parti. Pouvons-nous affirmer que la scission est explicitement en marche?

 

La scission est déjà actée depuis très longtemps et, comme je l’ai dit, la rupture sur Liberazione et l’accusation de stalinisme ont été deux tentatives de trouver un casus belli. Maintenant c’est possible qu’ils tentent de faire le plus de mal possible au parti, avec une scission par étapes. D’abord un groupe conséquent de dirigeants sortira, puis Bertinotti déclarera qu’il ne reprendra pas sa carte, enfin nous aurons des scissions d’une fédération, puis d’une autre, et ainsi de suite. Bref, une tentative de couper en morceaux, progressivement, le parti. Le groupe des vendoliens qui est resté au parti continuera la bataille en concertation avec l’extérieur. Ils ne sont pas autonomes du projet des scissionistes.

 

Quelles perspectives vois-tu pour ceux qui quittent Rifondazione?

 

Ils ont l’avantage d’avoir un soutien massif de la part des médias, mais leur projet est faible. Je perçois chez les vendoliens de grandes difficultés d’ordre stratégique, entre hésitations et divisions au sein même de leur groupe. Ils ont des problèmes énormes d’identité, théorique et politique. Ils citent comme référence la Linke allemande, mais en Italie nous avons une toute autre histoire. Quel est leur « bloc social », les classes sociales auxquelles ils se réfèrent? A quel courant de la tradition politique italienne appartiennent-ils? Ils disent être ni communistes ni sociaux-démocrates, mais alors que sont-ils? Peut-être réussiront-ils à s’unir avec Fava [dirigeant de la Gauche Démocrate], Belillo [représentante de la minorité du Pdci partageant la démarche de Vendola] et quelques représentants des Verts, mais avec le risque de compter peu sur le plan électoral et en terme de perspective politique. Pour ces raisons, il est probable qu’ils seront fatalement attirés par le Pd ou d’Alema, dans le cas où ce dernier pousse ses désaccords avec la direction du Pd jusqu’à créer une nouvelle formation « socialiste ».

 

A ce moment-là, l’idée que Rifondazione et le Pdci se présentent ensemble aux prochaines élections européennes devient-elle plus réaliste?

 

Il y a une nécessité absolue de faire prévaloir l’unité sur la dispersion et cela sans compter sur un éventuel seuil de barrage aux européennes. Nous nous battrons clairement à l’intérieur de Rifondazione pour se présenter aux élections avec un seul sigle communiste. Et il ne s’agit pas de faire tout de suite un nouveau parti, on ne crée pas de parti juste parce qu’il y a une échéance électorale. De plus, Rifondazione risque d’aller aux européennes dans une situation très difficile, ayant à supporter le poids d’une scission très douloureuse sur les épaules qui s’ajoute à la défaite écrasante d’avril : le groupe dirigeant de Rifondazione aurait de grandes difficultés à expliquer pour quelles raisons on repousserait l’impulsion unitaire du Pdci.

 

Voilà, ma question est justement celle-ci : quels seraient, aujourd’hui, les raisons pour dire non à la réunification du Prc et du Pdci?

Dans une partie du groupe dirigeant de Rifondazione il y a une objection fragile, mais qui touche à un sens commun diffus dans le parti. Selon cette objection, le Prc aurait enclenché un grand projet innovant, contrairement au Pdci. Il s’agit d’une objection fragile car, après dix ans de séparation, il est tout à fait évident que le Prc ne peut pas seulement se vanter de ses innovations, mais voir ses côtés contradictoires. Nous avons su créer un rapport fructueux entre le parti et les mouvements, mais nous avons aussi entamé avec Bertinotti une « décommunistisation » du parti, avec la thèse que le communisme serait seulement une « tendance culturelle ». Nous n’avons pas seulement innové, nous avons aussi produit des éléments d’anti-communisme. Donc, aujourd’hui le Prc n’est pas une jeune vierge, nous aussi nous avons des responsabilités. Je retiens que le Pdci a fait beaucoup d’erreurs, il a eu une dérive institutionnaliste, en en payant le prix sur le plan de la lutte de classes. Toutefois, il n’a jamais abandonné ses positions anti-impérialistes, son identité communiste, et dans la dernière phase il a rectifié nettement sa ligne, à partir du dernier congrès. Aujourd’hui le Pdci met à disposition ses forces pour relancer le projet d’un parti communiste qui reprendrait les orientations premières de Rifondazione : je veux parler de la dialectique entre lutte de classes, mouvement social et recherche théorique ouverte pour construire un parti communiste à la hauteur de notre temps. Les différences entre nous sont secondaires par rapport aux problèmes causés par la division des communistes.

 

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