Bové, Autain… Collectifs antilibéraux : fin de soldes !
La résolution finale du 33ème congrès du PCF a embarqué le Parti dans l’aventure des « collectifs antilibéraux » qui devait mobiliser toute l’activité des directions jusqu’à l’échec, fin 2006, d’une opération rivée vers les élections de 2007 et l’effacement du PCF. Les communistes ne l’ont pas accepté.
Ces derniers jours, deux des figures du « collectif national » ont fait parler d’elles. Leurs nouvelles aventures politiques ne peuvent que finir de solder pour les communistes l’expérience de 2006.
A « l’université d’été » des Verts, le 24 août, José Bové vient de sceller un accord avec Daniel Cohn-Bendit. La virulence de l’anti-communisme de Cohn-Bendit est connue, comme son soutien indéfectible à l’UE du capital et au projet de « constitution » européenne en 2005. On nous avait présenté les « collectifs » comme étant une prolongation de la campagne pour le Non. Alors prétendant à en être le leader, avant d’être candidat à la présidentielle, Bové signe sa réconciliation avec le camp du Oui.
Voilà donc Bové partant avec Cohn-Bendit (co-président du Parlement européen), la direction des Verts et des « proches de Nicolas Hulot » pour une campagne commune « écolo » pour les élections européennes de 2009. « J’expère que les gens sortiront du débat en se disant : « qu’est-ce qu’on est cons ! Pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt ! » » a-t-il affirmé.
Cette position donne aussi à réfléchir, à nouveau, sur le contenu très ambiguë d’un certain « non de gauche » en 2005 qui s’apparente à un oui. Allié à Cohn-Bendit, Bové réclame que « l’Assemblée élue en 2009 soit une assemblée constituante ».
Ces jours-ci voient aussi les media faire réapparaître Clémentine Autain, autre leader autoproclamée des « collectifs antilibéraux ». Rappelons quelques étapes précédentes de son aventure politique. En 2001, Delanoë la choisit contre l’avis des communistes du 17ème et l’impose comme candidate étiquetée « apparentée PCF » puis comme adjointe à la mairie de Paris. Sous cette étiquette reprise complaisamment par les media et acceptée par la direction du PCF, elle profère régulièrement à la télévision des leçons de politique, souvent anti-communistes. En 2006, elle tente d’être la candidate naturelle des « collectifs » à la présidentielle, sans succès. En 2007, elle cherche à évincer Jean-Pierre Brard de la mairie de Montreuil, finit par se retirer mais en ayant contribué à la perte de la municipalité communiste historique. Là voilà maintenant abordant un nouveau rivage : le NPA dont elle vient de se montrer à « l’université d’été », après avoir signé un appel du pied à Besancenot avec le philosophe anticommuniste Onfray. Qu’est-ce qui peut bien guider ce parcours sinon la boussole de l’opportunisme ?
Il est frappant comment fin 2006, l’opération politique des « collectifs antilibéraux » s’est dégonflée d’un coup. Il s’est avéré qu’elle relevait d’un processus électoraliste, qu’elle a été un avatar d’une volonté de recomposition politique dont l’effacement du PCF est la condition. Les dérives de Bové et Autain le confirment amèrement peut-être pour certains.
Les rares collectifs locaux qui ont réellement réuni des personnes de bonne volonté ont prolongé des formes d’échanges et de rassemblement progressistes sur des objectifs précis, non politiciens, qui souvent continuent.
Du côté de la direction du PCF, l’objectif d’effacement du Parti dans une gauche indéterminée s’est aussi confirmé. La campagne de Marie-George Buffet candidate de la « gauche populaire antilibérale » ne s’est revendiquée communiste que dans les dernières semaines. Après le résultat désastreux, les dirigeants nationaux ont multiplié les déclarations mettant à l’ordre du jour le « dépassement » du PCF, la remise en question de son existence même, sa dilution dans une fédération de « gauche ».
Depuis l’affirmation sans ambiguïté à l’Assemblée nationale extraordinaire de décembre 2007 de la volonté majoritaire des adhérents du PCF de maintenir l’existence du Parti, ces projets de recomposition sont plus discrets, mais il n’y a eu ni rupture dans la direction, ni dans sa stratégie.
Un des enjeux du 34ème congrès est de trancher définitivement la question de l’existence du PCF et de sa complète indépendance politique, sur la base d’une théorie, d’un projet, d’une forme d’organisation : ceux qui ont toujours été les siens !
C’est bien parce qu’elle les abandonne que l’équipe dirigeante sortante est à la recherche de formule comme les « collectifs antilibéraux ».
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