Déclarations fustigeant l’immigration, vantant le « capitalisme des métiers », prônant le retour à « l’âme de la France » : nous condamnons formellement la cohérence des « idées » d’André Gerin.
Mise au point après la conférence de presse d’André Gerin, 2 septembre 2011.
Depuis plusieurs années, nous avons été contraints de nous désolidariser publiquement de prises de position d’André Gerin sur divers sujets. Elles sont inacceptables en elles-mêmes. Elles le sont d’autant plus provenant d’un élu qui met en avant son « identité communiste ».
L’obsession à pointer du doigt l’immigration, la mise en avant de mots d’ordre nationalistes, la promotion du « capitalisme des métiers et des savoir-faire » : toutes ces déclarations ont une cohérence politique. Elle est strictement à l’opposé de la nôtre, de celle des communistes. Cette cohérence : c’est la négation de la lutte des classes.
André Gerin semble découvrir qu’en système capitaliste, le patronat instrumentalise l’immigration. Mais là où il s’agit pour nous, communistes, de déjouer, face à des problèmes bien réels, les entreprises de division du monde du travail, André Gerin emboîte le pas à l’aile droite de l’idéologie dominante. Il affirme ou insinue que l’immigration et sa descendance, confondues, seraient responsables et du chômage et de la délinquance. On retrouve ainsi les mêmes formules tendancieuses de la droite de la droite comme le soi-disant « tabou » de l’immigration. « Nous serions contraints d’accepter tous ceux qui viendraient dans notre maison France » s’alarme Gerin en juin 2011. Il va jusqu’à reprendre à son compte les propos abjects de Chirac sur le « bruit et les odeurs ». Arrêtons-là!
C’est la même négation de la lutte des classes que l’on retrouve dans ses discours sur le capitalisme productif. Pour Gerin, la sainte alliance pour produire en France peut aller jusqu’aux « capitaines d’industrie » et au patronat de la métallurgie (IUMM), ceux-là mêmes qui pillent le pays, délocalisent et sont évidemment aussi financiers que « producteurs » et exploiteurs directs.
Les grandes formules, tout droit tombées du nationalisme, complètent cette cohérence. « L’âme de la France », la « fierté d’être français », l’identité nationale (Gerin s’est félicité du débat de Sarkozy) transcendent les oppositions de classe, avec la même confusion voulue entre les « valeurs républicaines » et une identité « ethnico-religieuse » que dans le discours sarkozyste. Gerin va jusqu’à réclamer la reconnaissance de son identité judéo-chrétienne par l’Union européenne.
Il n’est pas étonnant que Gerin trouve amis et appuis à droite. Il a choisi de faire préfacer son livre les « Ghettos de la République » par le député UMP Eric Raoult. Il a accepté, avec le même, de présider la mission burqa.
Ces positions personnelles ne mériteraient pas tant de commentaires de notre part si André Gerin n’était pas adhérent du PCF et s’il n’était pas régulièrement présenté, depuis plusieurs années, comme le porte-parole des communistes qui combattent le processus d’effacement, de mutation-disparition du PCF.
Au sein du PCF, la cohérence d’André Gerin n’est pas évidente. En janvier 2011, il se porte candidat à la candidature pour 2012. Mais il tient curieusement meeting avec André Chassaigne qui est censé défendre une position contraire sur le Front de gauche. Il va jusqu’à se désister pour celui-ci lorsqu’il finit par maintenir son nom au vote de juin. Il est vrai qu’il était évident que le choix de la direction pour Mélenchon allait être imposé et que le vote Chassaigne allait canaliser la majeure partie de l’opposition.
Le vote interne passé, le 20 juin, Gerin agite à nouveau la possibilité de sa candidature « communiste » face au « socialiste » Mélenchon dans une déclaration assortie d’une nouvelle salve de propos provocateurs anti-immigration. Pour la première fois, après des années, la direction du PCF se fend d’un court communiqué de protestation.
Ces calculs politiciens sont lamentables et dangereux.
Pour notre part, nous ne laisserons pas André Gerin déformer et dénaturer certaines positions du PCF des années 70 et 80 pour le « vivre et travailler au pays » ou le « produisons français ». Elles étaient indissociables d’une lecture de classe de la situation économique et politique.
Nous ne laisserons pas André Gerin servir de repoussoir pour disqualifier, dans le PCF aujourd’hui, certaines positions essentielles, notamment le rejet de l’Union européenne et l’exigence de la fin de l’euro.
Nous ne laisserons pas André Gerin servir de repoussoir pour disqualifier ceux qui se battent pour l’existence et le renforcement du PCF suivant sa raison d’être dans la lutte des classes.
Cet objectif est trop important.
Corinne BECOURT, Frédéric BERNABE, Emmanuel DANG TRAN, Fabienne DEBEAUVAIS, Claude FAINZANG, Eric JALADE, Dominique NEGRI, membres du Conseil national du PCF