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36ème congrès du PCF: accès au dossier (en lien)

       
       
         
31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 16:54

La chute du gouvernement ouvre de nouvelles perspectives, mais  soulève aussi de nouveaux problèmes.

Par Jiří Maštálka, vice-président du Parti communiste de Bohème-Moravie, KSCM, député européen, 26 mars 2009. Traduction pour vivelepcf par AC. http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 



        
Ce sont plusieurs mois de douleur qui s'achèvent avec l'adoption de la motion de censure contre le gouvernement de droite dans notre pays, qui est également à la tête de l'Union Européenne.

         Le gouvernement est tombé. Cela a été rendu possible par les efforts conjoints des deux partis de gauche, même si les divisions au sein de la coalition gouvernementale y ont aussi contribué. Sa manière de gouverner, marquée par le mépris profond pour les intérêts nationaux et les besoins des classes populaires, lui a mis à dos y compris des forces de son propre parti. Ce gouvernement, qui a pu voir le jour grâce à une trahison de membres du Parti social-démocrate, a exclus de son alliance parlementaire des députés du Parti Vert et de l'ODS. Ces derniers se sont révélés plus nombreux que les sociaux-démocrates qui avaient retourné leur veste. L'agressivité suicidaire de M.Bursik [chef du Parti Vert et ministre de l'environnement] et de M.Topolanek semblent avoir porté leurs fruits.

         Désormais, nous avons devant nous deux tâches essentielles. La République Tchèque doit, au moins, terminer sa présidence de l'UE d'une manière plus décente qu'elle ne l'a commencée. Il est clair que cet objectif sera très difficile à atteindre. La manière dilettante dont le gouvernement a traité de certaines questions, en particulier celles liées à la sécurité énergétique en Europe, l’a discréditée autant à l'Ouest qu'à l'Est de l'Europe. A supposer que le gouvernement tchèque, démissionnaire, reste à la tête de l'UE, cela pourrait paradoxalement se révéler une bonne chose pour l'Europe.

Le discrédit des dirigeants politiques tchèques à la tête de l'UE rejaillit sur les positions idéologiques à la base de leurs prises de décision. Le gouvernement tchèque actuel est effectivement une vitrine idéologique si repoussante de l'ultra-libéralisme, de la russophobie, et de l'anti-communisme primaire, qu'il peut entraîner l'Europe à choisir une voie différente pour sortir de la crise économique. Elle a besoin de coopération et non de confrontation.

         Nous devons préparer les prochaines élections européennes en tenant compte de ce nouveau contexte créé par la démission du gouvernement. Nous pouvons nous attendre à ce qu'éclatent d'autres crises politiques qui pourraient détourner les gens de participer aux élections de juin. Le dégoût pour la politique risque d'être renforcé par le fait que nombre de nos concitoyens sont durement frappés par la crise. Le désenchantement vis-à-vis de la politique et des politiciens pourrait ouvrir un espace politique aux populistes, porteurs de solutions simplistes. Le KSCM doit donc être prêt à mobiliser encore plus ses militants et ses sympathisants. La chute du gouvernement ouvre à la fois des perspectives de succès pour les prochaines européennes et soulève aussi de nouveaux problèmes. Nous devons être réactifs devant cette situation changeante.

         En lien se trouve notre seconde tâche importante. Se préparer pour les négociations en vue de la constitution d'un nouveau gouvernement et pour de possibles élections anticipées.
Nous ne devons pas oublier que si la chute du gouvernement Topolanek reste un grand succès, elle est aussi la victoire de Vaclav Klaus. C'est lui qui, dans cette crise, a en main les rênes politiques du pays. Et pas seulement parce que les pouvoirs constitutionnels le mettent en mesure de former un meilleur gouvernement que celui de Topolanek. Vaclav Klaus a aussi su saisir une occasion unique pour sortir la droite de la crise et pour entamer sa reconstruction. Klaus est incontestablement un des rares politiciens tchèques à avoir une autonomie de pensée et cela ne date pas d'aujourd'hui. Une suite de prises de position, en particulier dans le domaine de la politique étrangère (sur le bombardement de la Yougoslavie, le Kosovo, le conflit du Caucase, la crise du gaz etc.), ont montré qu'il pouvait adopter une attitude guidée par des axes forts, sans souci du profit immédiat, de sa popularité, politiquement à contre-courant. C'est aussi un politicien qui suis toujours ses convictions. Toutefois, c'est aussi un politicien foncièrement de droite avec tout ce que cela implique.

         La droite tchèque, au cours du mandat de Topolanek, s'est enfoncée dans une crise profonde, exacerbant les divisions qui secouent les trois partis de la coalition au pouvoir. Nous suivons avec attention le fait qu'un nouveau parti se soit reformé sur la scène politique tchèque, un parti vert avec des positions conformes à son appellation. La situation ouverte par la chute de Topolanek est en train de faire bouger les lignes. Il est compréhensible que le groupe de Topolanek appelle maintenant à la tenue d'élections anticipées. Sur le point de se faire remplacer, il veut prendre de vitesse les dispositions constitutionnelles de passage du pouvoir. La reconstruction de la Droite, sur la base d’un programme et non sur des ambitions personnelles, est un processus qui demandera du temps et qui ne pourra pas être effectif d’ici juin. Il y a bien deux stratégies au sein de la droite tchèque.

Le KSCM devra mesurer précisément les avantages et les inconvénients ainsi que les conséquences que ces divisions à droite impliquent pour la gauche. Une tâche tout aussi importante sera d’apprécier avec précaution le rôle que peuvent jouer des alliés ou partenaires. Sans conteste, le Parti social-démocrate, après son dernier congrès, nous envoie des signes contradictoires. Il suffit de lire la résolution ambiguë à propos de la présence de bases états-uniennes sur notre territoire. La résolution ne remet pas même en question le principe de telles bases, se contentant de rejeter l'accord négocié par le gouvernement Topolanek. Il faudra en conséquence attendre les négociations en vue d’un nouveau gouvernement et les débats sur l'adoption d'une stratégie pour d'éventuelles élections anticipées, pour juger de la possibilité d’une nouvelle ligne politique dans le Parti social-démocrate.

Le KSCM est prêt à soutenir toute mesure visant à une sortie de la crise économique et au renforcement des acquis sociaux et des intérêts nationaux tchèques. C’est la priorité qu’un nouveau gouvernement soit constitué ou qu’il résulte d'élections anticipées. La liquidation des acquis sociaux et des intérêts nationaux est pour nous INACCEPTABLE, peu importe qu'elle se déroule sous un drapeau bleu, vert ou orange [le bleu est la couleur de l'ODS, l'orange du parti social-démocrate]. Le gouvernement est tombé. Maintenant l'important est de s'assurer que la crise politique qui en résulte crée les conditions pour l'amélioration des conditions de vie du peuple dans notre pays, comme en Europe en général.

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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 17:28

La chute du gouvernement ouvre de nouvelles perspectives, mais  soulève aussi de nouveaux problèmes.

Par Jiří Maštálka, vice-président du Parti communiste de Bohème-Moravie, KSCM, député européen, 26 mars 2009. Traduction pour vivelepcf: AC.

 

         Ce sont plusieurs mois de douleur qui s'achèvent avec l'adoption de la motion de censure contre le gouvernement de droite dans notre pays, qui est également à la tête de l'Union Européenne.

         Le gouvernement est tombé. Cela a été rendu possible par les efforts conjoints des deux partis de gauche, même si les divisions au sein de la coalition gouvernementale y ont aussi contribué. Sa manière de gouverner, marquée par le mépris profond pour les intérêts nationaux et les besoins des classes populaires, lui a mis à dos y compris des forces de son propre parti. Ce gouvernement, qui a pu voir le jour grâce à une trahison de membres du Parti social-démocrate, a exclus de son alliance parlementaire des députés du Parti Vert et de l'ODS. Ces derniers se sont révélés plus nombreux que les sociaux-démocrates qui avaient retourné leur veste. L'agressivité suicidaire de M.Bursik [chef du Parti Vert et ministre de l'environnement] et de M.Topolanek semblent avoir porté leurs fruits.

         Désormais, nous avons devant nous deux tâches essentielles. La République Tchèque doit, au moins, terminer sa présidence de l'UE d'une manière plus digne qu'elle ne l'a commencée. Il est clair que cet objectif sera très difficile à atteindre. La manière dilettante dont le gouvernement a traité de certaines questions, en particulier celles liées à la sécurité énergétique en Europe, l’a discréditée autant à l'Ouest qu'à l'Est de l'Europe. A supposer que le gouvernement tchèque, démissionnaire, reste à la tête de l'UE, cela pourrait paradoxalement se révéler une bonne chose pour l'Europe.

Le discrédit des dirigeants politiques tchèques à la tête de l'UE rejaillit sur les positions idéologiques à la base de leurs prises de décision. Le gouvernement tchèque actuel est effectivement une vitrine idéologique si repoussante de l'ultra-libéralisme, de la russophobie, et de l'anti-communisme primaire, qu'il peut entraîner l'Europe à choisir une voie différente pour sortir de la crise économique. Elle a besoin de coopération et non de confrontation.

         Nous devons préparer les prochaines élections européennes en prenant compte de ce nouveau contexte créé par la démission du gouvernement. Nous pouvons nous attendre à ce qu'éclatent d'autres crises politiques dans notre pays qui pourraient aboutir à décourager les gens de participer aux élections en Juin. Le dégoût pour la politique risque d'être renforcé par le fait que nombre de nos concitoyens sont durement frappés par la crise. Le désenchantement vis-à-vis de la politique et des politiciens pourrait donc ouvrir une perspective politique aux populistes, porteurs de solutions simplistes. Le KSCM doit donc être prêt à mobiliser encore plus ses militants et ses sympathisants. La chute du gouvernement ouvre à la fois des perspectives de succès pour les prochaines Européennes, mais soulève aussi de nouveaux problèmes. Nous devons adapter notre réponse à cette nouvelle situation.

         On en vient ainsi à notre seconde tâche importante. Se préparer aux négociations pour la constitution d'un nouveau gouvernement et de possibles élections anticipées. Nous ne devons pas oublier que si la chute du gouvernement Topolanek reste un grand succès, elle est aussi la victoire de Vaclav Klaus. C'est lui qui, dans cette crise, est parti pour reprendre en main les rènes du pays. Et pas seulement parce que les pouvoirs constitutionnels le mettent en mesure de former un meilleur gouvernement que celui de Topolanek. Vaclav Klaus a aussi su saisir une occasion unique pour sortir la droite de la crise et pour entamer sa reconstruction. Klaus est incontestablement un des rares politiciens tchèques à pouvoir penser par lui-même, et cela ne date pas d'aujourd'hui. Plusieurs prises de position, en particulier dans le domaine de la politique étrangère (sur le bombardement de la Yougoslavie, le Kosovo, le conflit du Caucase, la crise du gaz etc.), ont montré qu'il pouvait adopter une attitude guidée par des axes forts, sans souci du profit qu'il pourrait en tirer par rapport à sa propre popularité, et en se distanciant de la pensée politique dominante. C'est aussi un politicien qui a toujours eu des convictions. Toutefois, c'est aussi un politicien foncièrement de droite avec tout ce que cela implique.

         La droite tchèque, au cours du mandat de Topolanek, s'est plongée dans une crise profonde, exacerbant les divisions qui secouent les trois partis au pouvoir. Nous suivons avec attention le fait qu'un nouveau parti se soit reformé sur la scène politique tchèque, un parti vert avec des positions supposées conformes à ses origines. La situation ouverte par la chute de Topolanek est en train de faire bouger les lignes. Il est compréhensible que le groupe de Topolanek appelle maintenant à la tenue d'élections anticipées. Si j'étais sur le point de me faire remplacer, c'est ce que je chercherais à faire,  prendre de vitesse les dispositions constitutionnelles de passage du pouvoir. La reconstruction de la Droite, avec un programme et non sur des ambitions personnelles, est un processus qui demande du temps, et qui, pour être effectif, ne pourra être achevé en juin.

Il y a bien deux stratégies au sein de la droite tchèque.

         Le KSCM devra estimer précisément les avantages et les inconvénients ainsi que les conséquences que ces divisions à droite impliquent pour la gauche. Mais une tâche tout aussi importante sera de considérer soigneusement le rôle que peuvent jouer nos alliés et nos partenaires. C'est évident que le Parti social-démocrate, après son dernier congrès, nous envoie des signes contradictoires. Il suffit de lire la résolution ambiguë à propos de la présence de bases états-uniennes sur notre territoire. La résolution ne remet même pas en question l'existence de telles bases, elle rejette uniquement l'accord obtenu par le gouvernement Topolanek. Il faudra donc attendre les négociations en vue d’un nouveau gouvernement et les débats sur l'adoption d'une stratégie pour d'éventuelles élections anticipées, pour juger de la possibilité d’une nouvelle ligne politique dans le Parti social-démocrate.

         Le KSCM est prêt à soutenir tout effort dirigé vers une sortie de la crise économique qui mènerait au renforcement des acquis sociaux et des intérêts nationaux tchèques. Il s'agit de cela en cas d'élections anticipées. La liquidation des acquis sociaux et des principes d’'intérêt national est pour nous INACCEPTABLE, peu importe qu'elle se déroule sous un drapeau bleu, vert ou orange [le bleu est la couleur de l'ODS, l'orange du parti social-démocrate]. Le gouvernement est tombé. Maintenant l'important est de s'assurer que la crise politique qui en résulte crée les conditions pour l'amélioration des conditions de vie du peuple dans notre pays, et dans les pays d’Europe.

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24 mars 2009 2 24 /03 /mars /2009 17:54

Sortie de l'Italie de l'OTAN : un mot d'ordre plus actuel que jamais

 

par Fosco Giannini, dirigeant national du Parti de la Refondation communiste, directeur de la revue l’Ernesto

Paru dans Rinascita della Sinistra du 12 mars 2009. (Traduction pour vivelepcf : AC).

 

Que se passe-t-il en Italie, tandis que les communistes et la gauche anticapitaliste sont encore divisés entre eux?

Non seulement la démolition du reste de la démocratie bourgeoise et l’évacuation du cadre institutionnel et politique né de la Résistance, non seulement les lois raciales, les rondes para-fascistes, la « grève virtuelle » [NdT: l'équivalent du service minimum en France], la privation de pouvoir du Parlement, rendu « sourd et muet ». Tandis que d'une main, la droite met à genou le mouvement ouvrier dans son ensemble et prend à défaut la gauche divisée, de l'autre elle renforce le système militaire italien, déjà puissant, le subordonnant encore plus aux desseins impérialistes des USA (qu'Obama n'a certainement pas encore rendus différents de ceux de Bush) et aux intérêts de l'« Entreprise Italie », celle du capital.

Impressionnante s’avère l'augmentation des moyens, tant humains que financiers, que le gouvernement Berlusconi (en l’espace de quelques mois, en sourdine et sans même que la gauche ou l’opinion ne s'en aperçoivent) a déplacés vers les points chauds: Irak, Afghanistan, Liban, Kosovo. Une analyse attentive du budget de l'an dernier montre que le gouvernement Berlusconi a augmenté d'environ 15% l'investissement militaire total par rapport au gouvernement Prodi, qui, c'est le moins que l’on puisse dire, n'avait déjà pas brillé par son désengagement militaire. Dans le même budget, à titre d’exemple, on a prélevé 56% des crédits de la Coopération prévus pour 2008 et les sommes « économisées » ont toutes été détournées vers la militarisation.

 

Pour la guerre en Afghanistan l'ensemble des dépenses prévisibles pour 2009 est énorme: 500 millions d'euros, 75% de plus par rapport au gouvernement Prodi. Dans les Balkans on arrivera, à la fin de l'année, à près de 180 millions d'euros, 30% de plus par rapport au gouvernement Prodi. Mais les perspectives militaires de la droite (suivant l'augmentation conséquente des dépenses) vont bien au-delà des zones actuelles de conflit. Un peu moins de vingt millions d'euros, seulement pour le nouveau personnel militaire dans les Emirats Arabes, au Bahrain et au Pentagone (USA), où les militaires italiens participent au travail d'ensemble mené dans le cadre des « missions » en Irak et en Afghanistan. Et des augmentations aussi en Afrique (près de 5 millions d'euros seulement pour la Guardia di Finanza [la police financière et douanière italienne] engagée en Libye).

 

A côté des ressources considérables impudemment et dramatiquement volées à la protection sociale, à la recherche, au développement, aux prestations sociales, nous sommes de plus en plus confrontés à une dangereuse accélération de la militarisation du territoire, à une subordination toujours plus profonde du pays vendu aux USA et à l'OTAN :

 

-          la base US de Vicence (avec une participation du gouvernement italien aux dépenses qui est en passe de dépasser la participation américaine),

-          le renforcement – en termes militaires et structurels – de toutes les 140 bases des USA et de l'OTAN en Italie,

-          la collaboration (économique, militaire et politique) du gouvernement italien au programme spatial des USA,

-          l’installation de postes de commandement de la Marine et des services d'espionnage des USA à Naples et à Sigonella (un radar assez semblable à ceux situés en Europe de l'Est et dont personne ne parle; radar qui, entre autres, semble être responsable de plusieurs cas étranges de leucémie constatés ces derniers temps dans la région de Sigonella);

-          les chasseurs-bombardiers nucléaires des USA, F35, basés à Cameri;

-          la participation à la production de l'Eurofighter;

-          le vaste et inquiétant réseau d'espionnage qui part de Niscemi, en Sicile (avec l'accord et la rétribution de la mafia?) et qui représente une des quatre stations planétaires des USA destinées à surveiller le monde et à coordonner les actions militaires des forces aériennes, navales et terrestres des Etats-Unis et de l'OTAN déployées sur la planète entière.

La génuflexion du gouvernement italien devant les Etats-Unis et l'OTAN prend une tournure qui a atteint des sommets de servilité jamais vus auparavant; la menace d’implication dans les guerres américaines est toujours plus vraisemblable; le détournement des ressources vers la militarisation appauvrit encore plus les travailleurs italiens. Du Forum social européen de Stuttgart du 5 octobre 2008 a été lancé l'Appel pour une mobilisation dans toute l'Europe contre la guerre et contre l'OTAN. Du 2 au 5 avril partira, à l'échelle du continent, une mobilisation qui aboutira, samedi 4 avril, dans les rues de Strasbourg.

Cela peut être le point de départ pour relancer en Italie aussi une lutte de masse contre les guerres et contre l'OTAN. Le mot d'ordre « sortie de l'Italie de l'OTAN » a encore plus de sens aujourd'hui qu'hier. Et il faut que l’on retrouve les communistes, unis pour reconquérir aussi bien leur rôle historique que leurs liens avec les masses, tellement compromis par les erreurs commises, qu’ils se mettent résolument à la tête (comme autrefois) de la mère de toutes les batailles: celle contre la guerre, pour « le pain et la paix ». Contre l'OTAN.

 

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20 mars 2009 5 20 /03 /mars /2009 09:59

Portons la lutte jusqu'aux urnes !

article d'Angelo Alves, membre de la Commission politique du PCP, publié dans le numéro 1938 d'Avante, le 19 février 2009

texte original: http://www.avante.pt/imprimir.asp?id=27923


                       
Les prochaines élections européennes, en juin, s'inscrivent dans un contexte marqué par la double crise qui ébranle l'Union Européenne. Au-delà de l'importance qu'aura cette bataille électorale pour notre pays – si on tient compte de la situation nationale et du cycle électoral de 2009 – ce sera aussi un moment important de la lutte politique et idéologique autour des grandes questions liées à la situation internationale.

En premier lieu parce qu'elles se déroulent dans un contexte de crise profonde du capitalisme. Toutes les données macro-économiques disponibles, y compris celles des propres organismes de l'Union Européenne, confirment le scénario d'une récession économique dans l'Union Européenne et dans la zone euro couplée à une chute brutale de la production industrielle et à des tendances déflationnistes, signes évidents de la crise qui paralyse les principales économies européennes.

On tire la sonnette d'alarme dans le secteur productif. Le remous causé par les annonces des difficultés du secteur automobile – en tout point identique à la « panique » qui touche l'industrie automobile états-unienne et entretenu par les grands groupes économiques européennes afin d'obtenir des fonds publics – masque la situation difficile d'autres secteurs, comme celui des très petites, petites et moyennes entreprises et celui du secteur agricole, entre autres. Chaque jour, les nouvelles confirment le premier des effets sociaux de la crise économique – le chômage – à quoi s'ajoute l'augmentation de la pauvreté et des inégalités, prouvée statistiquement.

En d'autres termes, contrairement à ce qu'avancent les partisans du dogme de l'intégration capitaliste européenne, l'Union Européenne ne s'est pas révélé être un « oasis » au milieu du séisme économique et financier mondial et n'a pas été, comme annoncé, un « rempart contre les mauvais côtés de la mondialisation ».

Bien que ce soient toujours les mêmes qui nous répètent mille fois le contraire, et tentent y compris de masquer l'évidente fragilité de l'Euro, l'étendue de la crise et la vitesse à laquelle se propage dans le continent européen prouvent que l'Union Européenne ne pourra jamais être une exception à la règle. Et l'explication en est simple: les politiques économiques et sociales des gouvernements de l'Union Européenne et la nature même du processus d'intégration européenne sont la cause de la crise actuelle.

Le capitalisme et le néo-libéralisme sont l'épine dorsale de cette Union Européenne et, au milieu de la confusion générale, les mesures vaines qui semblent se dessiner comme la « riposte » à la crise en sont la preuve même, et il devient encore plus évident à chaque fois qu'elles sèment les germes de nouvelles crises encore plus profondes. Et c'est pour cela qu'une des principales batailles que les communistes et la CDU [coalition électorale regroupant le PCP et les Verts] ont à mener au cours de ces élections       est de mettre en évidence que la crise de l'Union Européenne est une crise du capitalisme, et que la crise du capitalisme est aussi une crise des fondements de ce cette Union Européenne.

Et que, donc, pour combattre la crise économique et sociale à laquelle les travailleurs et les peuples en Europe sont confrontés, il est nécessaire de donner plus de force à ceux dont le projet politique repose sur la rupture avec la marche actuelle de l'Union Européenne.

Combattre la résignation

Deuxièmement, parce que la crise qui secoue l'Union Européenne est celle de sa propre identité économique, sociale et politique. En temps de crise, les discours « fleuris » sur la « cohésion économique et sociale », sur « l'Europe des droits et des valeurs », sur un « espace de large participation démocratique », sur la « citoyenneté européenne » et sur une « Europe ouverte sur le monde » sont vite démentis par les actes politiques.

Depuis la phrase du « travailliste » Gordon Brown – British Jobs, for british workers la tactique du chacun pour soi se révèlant être la ligne définie par la Commission Européenne et le Conseil Européen, la réalité démontre combien les piliers de l'Union Economique et Monétaire de cette même Union Européenne sont fragiles. A une Europe de la paix, on répond par des positions plus qu'hypocrites par rapport aux crimes commis à Gaza et on se prépare aux « commémorations » des 60 ans de l'OTAN comme le signe d'une réaffirmation d'une ligne militariste au sein de l'UE. A une Europe des droits, on répond avec une directive sur le Temps de Travail et la Flexsécuurité. A une Europe ouverte sur le monde, on répond par la « Directive retour ». A une Europe des valeurs, on oppose le blanchiment et la réhabilitation de l'extrême-droite. A la volonté exprimée par les peuples irlandais, français et hollandais lors des réferendums de s'opposer à la soi-disant « constitution européenne » (ou sa seconde version – le « traité de Lisbonne »), on répond par le chantage et le mépris éhonté pour la volonté populaire. L'Union Européenne est en crise. Les peuples commencent à saisir sa vraie nature, et la rejètent, sous différentes formes. Mais on ne peut la rejeter que par la lutte. C'est pour cela que les prochaines élections sont un moment important pour combattre la résignation et pour affirmer avec confiance que d'autres voies, au plan national et au niveau européen, sont possibles.

Et que sur les ruines d'un projet contraire aux intérêts des travailleurs et des peuples, il est possible de construire un autre Portugal, une Europe des travailleurs et des peuples.

Angelo Alves, membre de la Commission politique du PCP

Numéro 1938 d'Avante, du 19 février 2009

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 09:14

Ivan Melnikov sur les résultats des élections régionales en Russie

Ce 1er mars 2009, les électeurs étaient appelés à voter pour désigner leurs représentants locaux dans 79 « sujets de la Fédération de Russie ». Dans neuf régions, le Tatarstan, la République de Kabardino-Balkarie, la république de Karachaievo-Tcherkessie, la République de Khakassie, les provinces d'Arkhangelsk, de Bryansk, de Vladimir, de Volgograd et la province autonome de Nénétsie, ont eu lieu les élections aux assemblées législatives régionales. Le Parti communiste de la Fédération de Russie a pris part à toutes ces élections.
Voici l'analyse à chaud, le jour même, de la liste des fraudes constatées et des résultats obtenus par le vice-président du Parti communiste de la Fédération de Russie, et responsable du Parti pour les questions électorales, Ivan Melnikov.

(traduction pour vivelepcf : AC)

 

«Nous ne fermerons pas les yeux sur les fraudes»

« Les informations que nous avons reçues concernant des violations du Code électoral le jour du vote inscrivent cette élection dans la continuité des précédentes. Néanmoins, elle a présenté deux traits originaux. La propagande illégale, les tentatives de persuader les citoyens ou de les pousser à bien voter, a légèrement régressé. Par contre, les tentatives pour décider de l'issue du vote par des moyens techniques ont considérablement augmenté, sans qu'il soit fait directement appel au vote des électeurs. On parle de fraudes liées à l'émission de bulletins, à Saint-Petersbourg et au Tatarstan, à l'octroi de permissions pour aller voter, comme dans la région de Briansk. Mais, l'essentiel des soupçons porte sur la technologie liée au vote anticipé. Ainsi, par exemple, à Tver, 20% des électeurs ont voté par un tel procédé « extraordinaire ».

Pour assurer la réussite de ces fraudes liées à la technologie, et pour les cacher aux yeux de tous, divers procédés ont été employés. On se chargeait d'éloigner des bureaux de vote les observateurs et membres des commissions électorales, comme ce fut évident en Karachaievo-Tcherkessie et au Tatarstan. Comme le président d'une des commissions de Volgograd, on se donnait le droit d'emporter les bulletins de vote chez soi. En Khakassie, une lettre du Ministère de la Santé local était envoyée dans le but de connaître les intentions de votes des médecins et des malades. Dans la même idée, on peut noter aussi le refus de remettre des copies des procès-verbaux à nos observateurs.

Après avoir recensé tous les cas de violation à la loi, nous porterons plainte à la commission électorale centrale, aux commissions électorales locales et aux organismes publics. Notre service juridique se chargera comme toujours de demander des enquêtes qui soient menées à leur terme. Nous ne fermerons jamais les yeux sur les fraudes et les violations de la loi dorénavant.

«C'est le retour des sombres méthodes des années 90»

Je veux particulièrement insister sur le fait qu'au cours de ces élections régionales de mars 2009, dans la campagne électorale, on a assisté au retour des « sombres méthodes » des années 90.  Dans les dernières années nous n'y prêtions pas une attention particulière, exception faite pour les programmes d'Alexeï Karaulov. Maintenant, elles sont redevenues un phénomène massif. Dans la région d'Arkhangelsk, le jour du vote, était tiré le journal «la patrouille d'Arkhangelsk», où il était écrit que les communistes voulaient «plonger la Russie dans un bain de sang». En Khakassie, on tirait des tracts supposés signés du Parti communiste de la Fédération de Russie, où étaient mises en valeur des thèses provocatrices destinées à discréditer notre parti. A Vladimir, sans en connaître l'émetteur, étaient diffusés des tracts relayant un appel imaginaire du gouverneur, communiste, de la province. On a noté aussi des coups de téléphone de nuit aux électeurs, soi-disant de la part du Parti communiste de la Fédération de Russie.

Cela démontre que le parti du pouvoir, s'appuyant sur un appareil bureaucratique travaillant pour lui, a orienté ses discours, pour la première fois depuis sa création, non vers la propagande, la mise en valeur de ses propres idées et propositions, mais sur la contre-propagande, la calomnie du plus bas étage. Les raisons en sont pragmatiques: l'échec de ses politiques a emmené un changement de tactique, conséquence immédiate du fiasco « du plan Poutine » et de « Stratégie 2020 ». La suite donnée au manque de réponse à cette question: où est passé l'argent pour le plan de relance? Le silence sur un éventuel plan « anticrise » pèse tout comme l'incapacité à retrouver, ce mot qui est dans toutes leurs bouches, la « stabilité ».

 

«Les résultats du parti du pouvoir sont en déclin»

« Cette 'crise de la propagande' s'est faite sentir dans de nombreux cas jusque dans les résultats du parti « Russie Unie ». Certes, dans toutes les régions, le parti reste à la première place. La télévision rapporte unanimement un soutien populaire à son maximum. Mais à y regarder de plus près, on peut observer facilement, que les résultats du parti du pouvoir sont en baisse si on les compare aux résultats dans ces mêmes régions lors des élections à la Douma. Ils baissent en moyenne de 5% entre les deux élections.

En Khakassie, ils passent de 59,53% à 57,3%, dans la région d'Arkhangelsk, de 56,72% à 51,8%, à Briansk de 61,7% à 54%, à Vladimir de 56,75% à 51,3%, à Volgograd de 57% à 49,4%, en Nénétsie de 48,7% à 42,4%. Enfin, en Kabardino-Balkarie, ils ont sérieusement baissé passant de 96% à 72%.

Ainsi, quand les membres de Russie Unie affirment que les citoyens ont renouvelé leur confiance à leur parti, ils passent sous silence le fait qu'il commence à la perdre, cette confiance. Je pense que si les élections se déroulaient dans des conditions honnêtes, nous constaterions une baisse beaucoup plus conséquente de leurs résultats. En tout cas, un processus est enclenché, marqué par une déception grandissante vis-à-vis des membres de Russie Unie et qui touche des secteurs de plus en plus importants de la population »

«Le Parti Communiste de la Fédération de Russie est dans une bonne dynamique»

« Le Parti Communiste de la Fédération de Russie vise toujours, comme but stratégique, la victoire. C'est pourquoi nous ne pouvons pas nous réjouir outre mesure de ses résultats, et nous ne le ferons pas. Mais, nous jugeons globalement que les résultats du vote sont positifs. Nous avons confirmé notre statut de deuxième force politique du pays. De plus, à mon avis, nous l'avons non seulement confirmé mais aussi, grâce à nos électeurs, nous l'avons renforcé. Nous sommes à la deuxième place dans 6 des 9 régions.

Nous sommes dans une bonne dynamique, nous avons amélioré nos scores dans toutes les régions, si on les compare à nos résultats lors des dernières élections à la Douma, et nous les avons considérablement augmentés dans certains cas, permettant même un saut qualitatif.

Quand on parle de saut qualitatif, on pense avant tout au Tatarstan. En 2004, lors des élections régionales, nous faisions 6,3%, en 2007 aux élections à la Douma 6,71%, maintenant nous faisons 11%.  Dans cette république, il y aura enfin un parlement bipartite.

Nos résultats se sont aussi considérablement améliorés dans la région d'Arkhangelsk. Bien que nous y occupions la troisième place, nous obtenons presque 17%, alors qu'aux élections à la Douma nous avions fait 11%, et en 2004 seulement 8,6%.

Des résultats loin d'être mauvais ainsi que la deuxième place dans la région de Briansk (23%), de Volgograd (23,5%) et de Vladimir (27%). C'est-à-dire dans une moyenne se situant autour de 25% et avec de sérieuses longueurs d'avance sur les autres partis. 'Russie Juste et le LDPR parviennent juste à dépasser les 10% dans la région de Volgograd, et n'atteignent même pas ce seuil dans les deux autres régions.

Nous avons dépassé la barre fatidique des 20% dans la province autonome de Nénétsie, nous y prenons la deuxième place avec 21 %, là ou en 2007 nous arrivions à seulement 12,3 %. En Khakassie, nous prenons aussi la deuxième place avec 14,6 %, alors qu'en 2007 nous étions à 12,8 %.

En Kabardino-Balkarie, nous passons de 1,72% à 8,36% et prenons la troisième place. En  Karachaievo-Tcherkessie, nous sommes encore troisième, passant de 3,66% à 10,5%. En tenant compte des particularités de la situation de ces républiques caucasiennes, ces résultats sont loin d'être mauvais.

C'est dans cette même dynamique positive que s'inscrit le renforcement de nos positions dans de nombreuses villes, parmi les gens les mieux informés, ceux qui peuvent saisir la portée de l'événement. Notre victoire aux élections du conseil municipal de Tver constitue une très bonne nouvelle. Des résultats tout aussi positifs à Briansk et à Oulan-Oude ou nous avons obtenu respectivement 31% et 25% des votes.

«Pour la suite, dans notre action politique, il faudra s'appuyer sur le rapport de force réel»

« Tout en analysant et en comparant les résultats de ces élections régionales, il faut prendre en compte une chose essentielle: ce sont les statistiques officielles. Il faut prendre en considération les conditions et possibilités inégales d'accès des partis aux médias, les infractions et fraudes; le rapport de force réel, l'état réel de la population sera plus intéressant pour nous, avec une tendance à la convergence du nombre de personnes soutenant 'Russie Unie' et le Parti Communiste de la Fédération de Russie, tandis que le LDPR et « Russie Juste » joueront un rôle marginal d'arbitre entre les deux. Un rôle tantôt plus grand, tantôt moindre.

Le décompte parallèle, réalisé par notre parti, nous confirmait simplement que notre poids en pourcentage était biaisé par les techniques utilisées par le pouvoir. D'après nos calculs, globalement, la perte serait de 6 à 7%. Si on ajoutait ces pourcentages aux résultats obtenus, et si nous avions le même accès à l'information pour tous les citoyens dans le cadre de cette enquête, nous pourrions mieux comprendre la réalité de notre société. Et pour la suite, dans notre action politique, nous devrons partir de ce rapport de force réel, sentir et s'appuyer sur cette situation réelle, sentir et découvrir ses potentialités latentes, sans laisser de place pour les tentatives du pouvoir de faire diversion dans la société avec son parti de rechange - « Russie Juste », artificiellement gonflé aux fins de la lutte contre le Parti Communiste de la Fédération de Russie.

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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 18:48

Voici l’interview de Fosco Giannini, dirigeant du Prc, dans le numéro du 22 janvier de Rinascita. Giannini est directeur du journal L’Ernesto, qui est aussi un courant du Prc regroupant les éléments les plus déterminés à reconstituer l’unité des communistes dans un vrai parti communiste, de lutte de classe. L’interview est antérieure à la scission officielle des Vendoliens. Néanmoins, puisqu’elle planait depuis le début du mois, l’interview de Giannini centrée autour de cette question reste entièrement pertinente. (traduction AC pour vivelepcf)



Maintenant il est indispensable de s’unir

« Un parti à la hauteur de notre temps »

Rifondazione s’est trouvée dans les dernières semaines dans l’œil du cyclone à propos des polémiques autour de Liberazione. Quels sont les vrais termes de cette polémique?

 

La polémique sur le changement de directeur était tout simplement ridicule. La démission de Sansonetti était inévitable pour au moins trois raisons: l’énorme chute des ventes (de 12.000 exemplaires quotidiens, sous la direction de Sansonetti on est descendu aujourd’hui sous la barre des 6.000 exemplaires), l’endettement immense (sous la gestion de Sansonetti chaque jour que Liberazione sortait, on perdait 16.000 euros et le parti s’est trouvé dans la necessité de boucher un trou de plus de 3 millions d’euro), le choix d’utiliser le quotidien pour s’opposer à ce qui est la ligne politique depuis le dernier congrès du parti. Sur ce dernier point je veux rappeler qu’au congrès la ligne d’autonomie communiste de Rifondazione a gagné, tandis que de juillet à janvier Liberazione a chaque jour soutenu qu’il fallait dépasser le Prc: une schizophrénie qu’aucun groupe dirigeant ne pourrait supporter, dans aucun parti. En plus, nous avons été victime d’une accusation violente de la part du camp vendolien envers toute la majorité : l’accusation de stalinisme. Je la considère non seulement comme un gros mensonge, mais aussi comme une recherche désespérée d’un casus belli, sachant que la scission a été préparée depuis longtemps. La minorité ne reconnaît pas la légitimité de la victoire au congrès et s’oppose résolument au projet de relance de l’autonomie communiste. A la direction nous avons assisté à d’innombrables interventions non argumentées, dans une ambiance surréaliste. Le débat semblait se focaliser sur qui était staliniste ou non, éludant tous les vrais problèmes du Prc. De plus, je voudrais rappeler que les réflexions de Togliatti sur le stalinisme sont encore d’actualité, quand il affirmait que mettre toutes les fautes sur le dos de Staline, tout en évitant une analyse générale, risquait de faire croire que personne d’autre n’avait commis de faute. Et je fais cette référence tout en étant convaincu que discuter aujourd’hui du stalinisme à Rifondazione est tout aussi, si ce n’est plus, fou que surréaliste.

 

Quel jugement portes-tu sur la nomination de Dino Greco comme directeur de Liberazione?

 

Les camarades de l’Ernesto ont appuyé totalement le choix de Dino Greco, qui pendant des années a collaboré à notre revue y apportant une grande contribution. C’est un représentant de la gauche de la Cgil, d’une grande culture, inhabituelle pour un dirigent syndical. Il s’est engagé sur les thèmes de la lutte des classes, de la place centrale à accorder au travail, de l’immigration, contre l’industrie de guerre. Nous sommes certains qu’il saura maintenir le débat ouvert et dépasser la malhonnêteté apportée par Sansonetti à Liberazione.

 

Dans la réunion de votre direction, une grande partie des dirigeants vendoliens a confirmé leur l’abandon du parti. Pouvons-nous affirmer que la scission est explicitement en marche?

 

La scission est déjà actée depuis très longtemps et, comme je l’ai dit, la rupture sur Liberazione et l’accusation de stalinisme ont été deux tentatives de trouver un casus belli. Maintenant c’est possible qu’ils tentent de faire le plus de mal possible au parti, avec une scission par étapes. D’abord un groupe conséquent de dirigeants sortira, puis Bertinotti déclarera qu’il ne reprendra pas sa carte, enfin nous aurons des scissions d’une fédération, puis d’une autre, et ainsi de suite. Bref, une tentative de couper en morceaux, progressivement, le parti. Le groupe des vendoliens qui est resté au parti continuera la bataille en concertation avec l’extérieur. Ils ne sont pas autonomes du projet des scissionistes.

 

Quelles perspectives vois-tu pour ceux qui quittent Rifondazione?

 

Ils ont l’avantage d’avoir un soutien massif de la part des médias, mais leur projet est faible. Je perçois chez les vendoliens de grandes difficultés d’ordre stratégique, entre hésitations et divisions au sein même de leur groupe. Ils ont des problèmes énormes d’identité, théorique et politique. Ils citent comme référence la Linke allemande, mais en Italie nous avons une toute autre histoire. Quel est leur « bloc social », les classes sociales auxquelles ils se réfèrent? A quel courant de la tradition politique italienne appartiennent-ils? Ils disent être ni communistes ni sociaux-démocrates, mais alors que sont-ils? Peut-être réussiront-ils à s’unir avec Fava [dirigeant de la Gauche Démocrate], Belillo [représentante de la minorité du Pdci partageant la démarche de Vendola] et quelques représentants des Verts, mais avec le risque de compter peu sur le plan électoral et en terme de perspective politique. Pour ces raisons, il est probable qu’ils seront fatalement attirés par le Pd ou d’Alema, dans le cas où ce dernier pousse ses désaccords avec la direction du Pd jusqu’à créer une nouvelle formation « socialiste ».

 

A ce moment-là, l’idée que Rifondazione et le Pdci se présentent ensemble aux prochaines élections européennes devient-elle plus réaliste?

 

Il y a une nécessité absolue de faire prévaloir l’unité sur la dispersion et cela sans compter sur un éventuel seuil de barrage aux européennes. Nous nous battrons clairement à l’intérieur de Rifondazione pour se présenter aux élections avec un seul sigle communiste. Et il ne s’agit pas de faire tout de suite un nouveau parti, on ne crée pas de parti juste parce qu’il y a une échéance électorale. De plus, Rifondazione risque d’aller aux européennes dans une situation très difficile, ayant à supporter le poids d’une scission très douloureuse sur les épaules qui s’ajoute à la défaite écrasante d’avril : le groupe dirigeant de Rifondazione aurait de grandes difficultés à expliquer pour quelles raisons on repousserait l’impulsion unitaire du Pdci.

 

Voilà, ma question est justement celle-ci : quels seraient, aujourd’hui, les raisons pour dire non à la réunification du Prc et du Pdci?

Dans une partie du groupe dirigeant de Rifondazione il y a une objection fragile, mais qui touche à un sens commun diffus dans le parti. Selon cette objection, le Prc aurait enclenché un grand projet innovant, contrairement au Pdci. Il s’agit d’une objection fragile car, après dix ans de séparation, il est tout à fait évident que le Prc ne peut pas seulement se vanter de ses innovations, mais voir ses côtés contradictoires. Nous avons su créer un rapport fructueux entre le parti et les mouvements, mais nous avons aussi entamé avec Bertinotti une « décommunistisation » du parti, avec la thèse que le communisme serait seulement une « tendance culturelle ». Nous n’avons pas seulement innové, nous avons aussi produit des éléments d’anti-communisme. Donc, aujourd’hui le Prc n’est pas une jeune vierge, nous aussi nous avons des responsabilités. Je retiens que le Pdci a fait beaucoup d’erreurs, il a eu une dérive institutionnaliste, en en payant le prix sur le plan de la lutte de classes. Toutefois, il n’a jamais abandonné ses positions anti-impérialistes, son identité communiste, et dans la dernière phase il a rectifié nettement sa ligne, à partir du dernier congrès. Aujourd’hui le Pdci met à disposition ses forces pour relancer le projet d’un parti communiste qui reprendrait les orientations premières de Rifondazione : je veux parler de la dialectique entre lutte de classes, mouvement social et recherche théorique ouverte pour construire un parti communiste à la hauteur de notre temps. Les différences entre nous sont secondaires par rapport aux problèmes causés par la division des communistes.

 

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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 07:46

La rupture est consommée au Prc, après une rencontre de la minorité du Prc autour de Nichi Vendola à Chianciano le 24 janvier, ces derniers ont décidé de faire scission et de créer leur parti politique, la Refondation pour la Gauche. Les masques tombent, et le journaliste de la Stampa a beau jeu d’ironiser sur « ce petit train » au slogan berlusconien et à la rhétorique anti-communiste; un œil sur Obama, un autre sur D’Alema.

Article de la Stampa du 25 janvier 2009 (publié sur le site de l’Ernesto - traduction AC pour vivelepcf)

Il aura comme slogan « La Gauche des libertés », une petite étoile dans son logo

La scission de Vendola donne naissance à la nouvelle mini-Rifondazione

Ferrero prédit leur sort : « ils vont vers la droite, ils seront des auxiliaires du Pd »

            Le slogan est efficace quoique berlusconien : « La gauche des libertés ». C’est ainsi que Nichi Vendola a appelé ce qui depuis hier n’est plus un vœu pieux, mais, comme dans la publicité bien connue « une réalité solide ». Oh, pas si solide que ça étant donné que personne ne sait exactement où il ira se loger, et ne saisit encore combien seront ceux qui partiront pour la nouvelle aventure. Tout de même, on dit que deux-tiers de la désormais ex-minorité de Rifondazione ont fait leur valises tandis que les autres, tout en partageant le projet de donner vie à une nouvelle gauche (qui devrait s’appeler juste La Gauche) avec Fava et Mussi[1], et une fraction des Verts, resteront encore un peu au Prc de Ferrero. Qui sait si demain, ils ne rejoindront pas leur camarades ou peut-être si les choses devaient tourner mal, ils resteront sous le toit de la vieille maison.

             Mais on verra cela plus tard, maintenant que le train, ou plutôt le petit train, est parti. Avec un de ses long discours, plein de références historiques et de suggestions, Vendola a expliqué pourquoi ce n’était plus possible de rester dans un parti, que lui-même avait contribué à fonder, devenu désormais un « refuge identitaire » qui utilise le communisme « comme une idole » pour se protéger d’on ne sait quoi. Au contraire, c’est le raisonnement du gouverneur des Pouilles, il ne faut pas s’abriter derrière des discours idéologiques mais nager en pleine mer, avec un œil vers Obama « qui a déjà changé le monde » et un œil vers ce qui pourrait arriver dans l’avenir immédiat en Italie, dans la gauche italienne. Voilà pourquoi les scissionnistes n’ont aucune intention de construire un nouveau groupuscule, pour l’instant ils se limiteront à chercher d’exister en nouant des ententes organisationnelles et peut-être électorales (le spectre des européennes plane). Qui plus est, ils n’ont pas d’argent, de sièges, de structures, pratiquement rien. L’ancien responsable à l’organisation de Rifondazione sous Bertinotti et Giordano, Ciccio Ferrara explique : « On a négocié sur rien avec Ferrero, mais on ne bougera pas des fédérations qui choisissent de rester avec nous, même s’il n’y en aura pas beaucoup ». Et le siège du parti? « Certains intéressés à notre sort se sont déclarés disponibles pour nous aider, nous avons déjà deux possibilités dans le centre de Rome. » Et qui est le bienfaiteur? Ferrara nous salue et rentre dans la salle.

            Mais la politique vient avant les affaires d’argent. Et ici on parle de politique, et on croit dans la politique. Par exemple, en regardant ce qui se passera au Parti Démocrate. « C’est évident que je crois (et espère) en une explosion du Parti démocrate, c’est-à-dire une décomposition suivie d’une recomposition de la gauche italienne », explique Rina Gagliardi, journaliste (Manifesto et Liberazione), deux ans sénatrice dans la dernière législature, une intime de Fausto Bertinotti. « C’est sûr que je serais contente si des cendres éventuelles du Pd naissaient deux nouvelles forces politiques, une de gauche et une du centre. C’est évident que nous devrions être très attentif à la première hypothèse, qui peut-être serait menée par D’Alema ». « Sur une hypothèse de ce genre, je signe des deux mains – ajoute Alfonso Gianni, ancien sous-secrétaire du gouvernement Prodi et lui aussi collaborateur proche de Fausto Bertinotti – Un beau parti social-démocrate avec nous dedans? Je signe. » Et Giordano à l’estrade : « La gauche peut renaître de la crise du Pd ».

            Mais pour le moment il s’agit seulement d’un espoir pour ne pas dire un rêve de cette toute nouvelle force politique qui s’appelle Rps (c’est-à-dire Rifondazione per la sinistra et elle a pour logo une petite étoile rouge). Un espoir qui a déjà reçu la ‘malédiction’ de Ferrero – « ils vont vers la droite, ils seront des auxiliaires du Pd » - et la bénédiction de Bertinotti, lequel a cependant voulu aussi soutenir ses fidèles qui restent au parti. Un jour ils se retrouveront ensemble, le leader historique en est sûr. Pendant ce temps, il écrit un livre avec Ritanna Armeni et la même Gagliardi, dont le titre, emprunté au poète grec et prix Nobel Konstantino Cavafis, veut tout dire : « Tu dois t’attendre à ce que la route soit longue ». De ce qu’on en sait, émerge une critique très dure de Prodi, « un homme qui s’accroche au pouvoir et est incapable de résister aux pressions des puissants ». Un de profundis sur l’expérience de l’Unione : « La formule du centre-gauche est morte là ». Et une autocritique sur sa présidence à l’Assemblée : « La tentative de peser sur la vie politique depuis ce poste s’est révélée illusoire ». Comment dire, si je pouvais revenir en arrière, je ne le referais pas.



[1] Deux dirigeants nationaux de la Gauche démocrate, scission du Parti démocrate

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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 14:31

Nous publions ci-dessous une interview de Oliviero Diliberto, secrétaire du Parti des communistes italiens (PdCI), publiée dans le quotidien Il Manifesto du 10 janvier.

Diliberto appelle les dirigeants du Parti de la Refondation communiste, le PRC, dont le nouveau secrétaire général Ferrero, à unir leurs listes à celle du PdCI et à créer les conditions d’une réunification du mouvement communiste en Italie.

Pas de réponse positive, pour l’instant, du côté de la direction du PRC, confrontée à des débats internes houleux et à une entreprise de division interne.

Depuis la défaite de la ligne liquidatrice au congrès de juillet 2008 en effet, ses tenants, dont Nicky Vendola, élu de la région des Pouilles, soutenu par Fausto Bertinotti, mènent un véritable travail de sape au sein du PRC.

Dans sa complexité, avec ses différences, la situation de nos camarades italiens ne peut que nous instruire.

Vivelepcf – traduction par AC

 

Diliberto: « réunissons-nous, le temps presse »

 

L’association « Pour la gauche »[1] est née. Les partisans de Vendola toutefois éloignent l’idée d’une scission d’avec le Prc. Oliviero Diliberto, est-ce donc aussi l’hypothèse de l’unité des communistes Prc-Pdci aux européennes qui s’éloigne?

Je n’entre pas dans les débats internes au Prc, que j’observe avec respect mais aussi avec une certaine appréhension, étant donné que leur issue aura des conséquences pour toute la gauche. Notre ligne est simple : pendant ce temps nous essayons de réunir les deux partis communistes. C’est amusant de voir que ceux qui veulent unir toute la gauche ne souhaitent pas la réunification des deux partis communistes, les deux forces les plus proches politiquement. Bien sûr, je ne souhaite pas la scission : je voudrais que tout Rifondazione s’unisse avec nous.

 

Votre ligne est celle du congrès du Pdci. Mais celui du Prc, houleux, a voté pour aller aux européennes avec son propre logo : c'est là une autre ligne politique, distincte. Pour en changer, ne devraient-ils pas convoquer un nouveau congrès?

Un autre congrès serait une farce, un suicide. Est-ce bien raisonnable de continuer à discuter de nous-mêmes alors que Berlusconi transforme radicalement le visage de la démocratie italienne? Et alors que le Pd est tiraillé entre quatre ou cinq lignes différentes en son sein, y compris en ce qui concerne les alliances? Nous devons mettre en place une force en mesure de répondre à l’exigence  qui vient de la base, d’une vraie opposition. Le mois d’octobre – les manifestations du 11, du 25 et celle, immense, du 30 sur l’école – nous met devant un problème qui est aussi une occasion unique : celle d’être à la hauteur de la demande de luttes qui vient de notre peuple. Partons de l’unique élément dont nous sommes sûrs : l’arc-en-ciel[2] a été un fiasco. Celui qui veut retenter l’expérience vit en dehors du monde. Il n’y a pas d’espace politique entre les communistes et le Pd. Nous avons pu le vérifier même avec le vote des siciliens : à Catane le Pdci seul a fait un meilleur score que l’arcobaleno. Et je parle de Catane parce que c’est la ville de Claudio Fava, le porte-parole national de la Gauche Démocrate.

Nous avons lancé notre proposition : maintenant c’est à Rifondazione d’agir. Arriver à la veille des européennes sans un projet politique signifie refaire une alliance électoraliste. Donc, perdre à nouveau. Si l'on désire refaire l’arc-en-ciel, de manière explicite ou déguisée, nous irons seuls.

Ferrero dit : on en parle en février

Je respecte et je comprends l’agitation interne au Prc. Je ne veux pas non plus poser de problèmes à Ferrero. Mais le temps presse. J’invite donc les camarades de la majorité du Prc à donner une réponse. Il y a des moments où les groupes dirigeants doivent prendre leurs responsabilités.

 

J’insiste: mais le Prc a fait le choix, au Congrès, d’y aller avec son propre logo.

La politique va de l’avant, elle ne s’arrête pas aux congrès. Et tout de même l’idée de se présenter aux européennes sous deux logos aussi semblables est grotesque. Imaginons qu’ensuite s’ajoute un troisième parti de gauche avec son logo…

 

A propos : pensez-vous à revenir ensemble à « la faucille et au marteau »?

Le problème est moins graphique que politique. Et de toute façon, si je lançais ce type de proposition maintenant, je me disqualifierais. Le Pdci envisagera sans a priori toutes les hypothèses…

 

Claudio Grassi, numéro deux du Prc, dit : « nos listes sont ouvertes… »

Justement, nous envisagerons sans a priori toute hypothèse, sauf celle de demander aux communistes italiens d’y aller sous le sigle de Rifondazione, évidemment. Grassi le sait bien.

 

Pour le Prc et le Pdci, se remettre ensemble après dix ans, n’est-ce pas vouloir revenir en arrière?

Non, beaucoup de choses se sont passées depuis. C'est tout un cycle politique de dix ans qui s’est achevé en 2008 avec le désastre de l’arc-en-ciel. Maintenant, nous pouvons regarder de l’avant. Mais avant tout, nous devons vérifier si la majorité du Prc veut cette réunification.

 

L’actuelle majorité du Prc a soutenu le secrétariat de Bertinotti et de Giordano. Un parcours politique franchement éloigné du votre : je pense au choix de la non-violence, de la Gauche Européenne, au rapport avec Cuba…

Mais aujourd’hui dans la majorité il y a deux groupes déterminants qui ne partagent pas ces choix.

 

Celui qui dit que la ligne du Prc est globalement celle du courant Essere Communisti[3] a-t-il raison?

J’étais seulement en train de dire qu’on est en train de redistribuer les cartes. Et le secrétariat de Ferrero ne peut pas s’inscrire dans la continuité de celui de Bertinotti. De toute façon, ce qui nous unit l’emporte largement sur ce qui nous divise. Et avec ce qui se passe en ce moment, on ne va pas se mettre à couper les cheveux en quatre…

 

A la gauche du centre-gauche, vous aviez la « tendance culturelle » la plus unitaire. Pourquoi aujourd’hui vous ne croyez pas à la possibilité d’une alliance avec le Pd?

Ce centre-gauche n’existe plus. Le choix du Pd a creusé un fossé avec la gauche. Ce n’est pas dit que les choses restent comme ça pour toujours mais, pour demain, un rapport éventuel avec le Pd passe par la défaite des dirigeants actuels. Aux prochaines législatives nous évaluerons la situation au cas par cas, en fonction de nos programmes respectifs.  

Parmi ceux qui veulent l’alliance avec le Pd il y a votre minorité actuelle.

Minorité qui – notez-le – contrairement à celle du Prc, qui a obtenu 48%, n’a fait que 13%. Leur choix est suicidaire, mais le suicide est le choix personnel de celui qui le commet.

 

Pourquoi tenez-vous tant à la faucille et au marteau? N’est-ce pas un symbole « exclusif », d’un passé lointain qui éloigne certains du parti, même incompréhensible pour les étudiants qui se mobilisent ces jours-ci?

Plutôt que cette politique mièvre où tous tendent à se ressembler, je crois que c’est mieux d’avoir une identité forte. J’invite tous à regarder ce qu’il se passe hors d’Italie. Quand les jeunes crient « un autre monde est possible » ils ne demandent pas une politique « réformiste » mais une société radicalement différente.  Peut-être ce sont des communistes qui s’ignorent. Nos chemins peuvent se rencontrer. Mais si même nous abdiquons l’idée de changer le monde, nous ne les rencontrerons jamais.

 

 

Notes :

[1] Association créée par les partisans de Nichi Vendola en décembre 2008 destinée à servir de première étape vers la constitution d’un grand parti de la gauche

2 Coalition des quatre partis de la gauche italienne (Pdci, Prc, Verts, Gauche démocratique), mise en place pour les élections de 2008 qui a connu un sévère revers électoral

3 Courant de Claudio Grassi, oscillant entre acceptation tacite des choix bertinottiniens d’unité de la gauche (qui aboutit notamment à la scission de l’Ernesto) et posture critique au nom de la conservation de l’identité communiste. Sa politique d’alliance avec l’aile-gauche de l’ancien groupe dirigent (Ferrero) joua un rôle décisif dans la défaite des Bertinottiens et des Vendoliens.
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12 janvier 2009 1 12 /01 /janvier /2009 09:21

Nous publions ci-dessous un article particulièrement intéressant de notre camarade, Andrea Catone, membre du Parti de la refondation communiste en Italie. Il traite, à partir de la question des intellectuels, ou plutôt du "travail culturel" dans le Parti, de l'évolution du mouvement communiste italien et de sa situation aujourd'hui, notamment dans la perspective d'une unité entre le PRC et le Parti des communistes italiens (PdCI). Merci à Luigi-Alberto Sanchi de nous avoir communiqué ce texte et de l'avoir traduit.

 

Les communistes et le travail culturel

Contribution d'Andrea CATONE à la rencontre pour l’unité des communistes du 14 décembre à Rome

Envisager les questions touchant l’organisation de la culture en fonction d’une lutte politique pour la transformation sociale – ce qui, même en l’actuelle phase historique, exige la présence active d’un parti communiste bien organisé – c’est, semble-t-il, l’affaire des « intellectuels » dans une sorte de division du travail où les politiciens s’occupent de politique, des petites affaires locales jusqu’aux choix stratégiques, tandis que les intellectuels font les intellectuels, élaborent des programmes ou des théories dans le domaine culturel, sont appelés à signer des pétitions etc. : étanchéité entre élaboration culturelle et gestion politique.

            Cette séparation est l’héritage et le reflet de la division en classes depuis l’Antiquité jusqu’au capitalisme.

            Les marxistes et les communistes se sont battus contre cette séparation. À ce propos, le communisme italien possède le riche patrimoine des réflexions de Gramsci sur le rôle des intellectuels.

            Parce qu’ils entendent diriger le mouvement des masses pour la transformation socialiste de la société, les communistes sont des intellectuels.

            Cet exorde n’est pas rhétorique. C’est peut-être le cœur du problème que nous voulons tenter de résoudre. Ce qu’on appelle « crise de la politique », en ce qui nous concerne, naît aussi de ce que les deux principaux (et petits) Partis communistes en Italie, le Parti de la refondation communiste et le Parti des Communistes italiens, sont devenus des organismes où la formation culturelle et politique n’est pas organisée, où on ne trouve pas une élaboration collective des problèmes, où on n’étudie pas avec une méthode rigoureuse les classes, leur mouvement dans la société, les contradictions, les processus en cours. La lutte politique se réduit souvent à du machiavélisme de bas étage, les idées elles-mêmes sont employées avec une forte torsion politicienne. On ne raisonne pas en termes de contradictions de classes mais de « rassemblements politiques », de « formations politiques », d’« espaces politiques » à occuper.

            Or le parti politique du prolétariat, le Parti communiste, est structurellement différent des partis bourgeois même s’il peut leur ressembler dans certains traits extérieurs. C’est un parti qui organise les progrès intellectuels de ses militants, qui œuvre pour dépasser le clivage entre dirigeants et dirigés. Mais sa dégénération l’a amené à être un parti où la séparation s’est renforcée, à avoir un personnel politique de bas niveau.

            Il faut comprendre pourquoi le PRC depuis ses débuts n’a jamais organisé la formation politique de manière systématique et sérieuse (voire pas sérieuse), alors même que des appels en ce sens surgissaient spontanément çà et là. Cette absence systématique, méthodique, structurelle d’attention aux questions de la formation et de la culture politique est un indice révélateur de l’échec du PRC.

            L’abandon d’un programme de formation émanant du centre – école de Parti et séminaires – datait déjà de l’époque du PCI, dans les années 80. C’était largement le reflet de la crise d’identité et de perspectives stratégiques de ce grand Parti qui sera emporté et dénaturé dans la décennie suivante.

            Pourquoi la formation communiste et marxiste a-t-elle toujours été le parent pauvre dans le PRC ? Pourquoi, dans sa pratique politique, a-t-il chaque fois considéré qu’il y avait quelque chose de plus urgent à faire ? Aussi, a-t-on mis à profit un préjugé anti-intellectuel ranimant l’ancien mépris anarcho-syndicaliste envers la théorie et le sens commun des masses (confisqué par la classe dominante), préjugé selon lequel philosophie et théorie ne sont que vaines palabres tandis qu’il faut des « faits », de la « pratique »… oubliant qu’il existe une pratique de la théorie et que le travail théorique n’est pas moins une activité que le travail manuel. Si l’absence d’organisation de la formation au PRC a pu être renforcée par de ce préjugé, sans compter la crainte d’être « dogmatiques », scolaires, etc., elle a eu des racines bien plus profondes, liées à sa nature même. En effet, même dans les meilleures années de sa vie, ce parti ne s’est jamais pensé ni proposé comme avant-garde stratégique de la révolution. Il s’est plutôt concentré sur l’espace électoral à conquérir ou à maintenir. Le manque d’une organisation cohérente de la formation et de la culture politique, de même que l’absence d’organisation d’un travail syndical de masse, montrent que le PRC se pensait comme une force résiduelle au jeu défensif, chevauchant à l’occasion les mouvements de protestation, oscillant entre culture protestataire et subalternité au gouvernement.

            Tant que la formation politique et culturelle sera jugée superflue, oripeau ou danseuse, les communistes n’auront aucune chance et ils resteront subalternes ; ils ne seront pas des communistes dans le meilleur sens du mot. La question de la formation politique et culturelle doit être une partie intégrante du projet de reconstruction d’un Parti communiste.

            Aujourd’hui aussi on a besoin de cette « réforme intellectuelle et morale » qu’appelait Gramsci.

            Aujourd’hui, la culture marxiste est devenue largement minoritaire dans notre pays, après avoir joui, sinon d’une hégémonie, d’un enracinement consistant entre 1945 et 1975. Ecrivains, cinéastes, acteurs, manuels scolaires, disciplines universitaires – d’abord dans les sciences humaines – ont été peu ou prou influencés par le marxisme. Grande maison d’éditions liée au PCI, Editori Riuniti publiait des ouvrages marquants. Ils allaient des classiques du marxisme (très importante l’édition des œuvres complètes de Lénine et celle, restée inachevée, des œuvres de Marx et Engels, aujourd’hui relancée de façon méritoire par l’éditeur napolitain La Città del Sole) jusqu’à la théorie politique contemporaine, en passant par l’histoire du mouvement ouvrier (avec les documents de l’Internationale communiste), par des revues (Critique marxiste, Studi storici, Democrazia e diritto) et par le lien international entre les partis communistes. En Italie la contribution du marxisme a été plus faible dans le domaine des sciences naturelles, encore qu’en ait été nourrie toute une génération de physiciens et de spécialistes des sciences naturelles, et qu’un grand historien de la science comme Ludovico Geymonat en ait été profondément influencé. Encore dans les années 70 des manuels soviétiques de physique étaient adoptés, traduits,  dans quelques universités italiennes.

            D’autres maisons d’édition aussi contribuaient de manière autonome à la diffusion d’une culture marxiste, comme Feltrinelli ou la prestigieuse Einaudi (appartenant aujourd’hui à Berlusconi) : que l’on pense à l’investissement de cette dernière dans l’édition des œuvres de Gramsci, y compris l’édition critique des Cahiers de prison. Une revue hebdomadaire telle que Rinascita, dans sa meilleure période, parvenait à être l’instrument de la formation théorique et politique des cadres et des intellectuels tout en ayant une fonction de travail critique et d’orientation dans les batailles quotidiennes. L’Institut Gramsci et l’école de Parti des Frattocchie, avec la publication d’opuscules pour la formation contribuaient de manière cohérente et organisée au développement du travail culturel dans ses aspects de la formation des cadres du Parti et de l’élaboration théorique. La liste pourrait s’allonger et susciter la nostalgie face à l’abîme qui sépare la misère présente de la richesse culturelle de ce passé. Entre les années 60 et les années 80 il y eut également une floraison de revues « hérétiques » liées aux mouvements de 68 dont aujourd’hui serait utile un bilan critique sur leur rôle réel. Par contre, la production théorique des mouvements et partis marxistes-léninistes a été plus indigente.

            Dans les années 80 l’érosion et la crise de la culture marxiste s’achèvent. Son apogée se situe dans les années 70, avec le développement du mouvement ouvrier et sa déferlante de luttes sociales, politiques et culturelles dans l’intense décennie 1967-1978 : ce n’est pas un hasard si l’un des derniers produits de ce développement a été l’Histoire du marxisme publiée en cinq grands volumes pour Einaudi sous la direction de Hobsbawm ; histoire critique – et critiquable à certains égards – constituée de différentes approches et par des auteurs certes peu homogènes, mais tout de même une pierre miliaire pour étudier le développement du marxisme dans le monde.

            Donc l’érosion du marxisme qui avait déployé son grand potentiel dans les trente années précédentes et avait joui d’une hégémonie durable (par exemple, les catégories gramsciennes entrèrent non seulement dans les travaux spécialisés et universitaires, mais aussi dans les manuels scolaires), commença dans les années 80, justement liée aux signaux de crise du mouvement international communiste qui, pourtant, vers le milieu des années 70 avait remporté une victoire politique, militaire et symbolique considérable avec la défaite des USA au Vietnam. Mais le camp socialiste était profondément divisé avec l’éloignement croissant de Chine et URSS et la guerre entre Chine et Vietnam, la dissolution du front indochinois, les difficultés de l’URSS à se maintenir à son intérieur comme dans ses rapports avec les pays d’Europe centrale et orientale – à commencer par la Pologne – ainsi que sur l’échiquier mondial où la déchirure Chine-URSS fut exploitée par l’impérialisme pour diviser les mouvements anti-impérialistes, de l’Asie (avec l’Afghanistan) à l’Afrique.

            La crise du marxisme en Italie fut liée à la défaite du projet stratégique du PCI, à son incapacité à se donner une ligne convaincante après l’échec du « compromis historique » avec la Démocratie Chrétienne. Histoire qui reste entièrement à écrire et à interroger de manière critique.

            Que cette tâche n’ait pas été accomplie depuis, c’est un signe éloquent de la décadence culturelle et politique où nous sommes tombés. Non seulement n’y a-t-il pas eu d’histoire du communisme italien qui soit partagée par tous ses héritiers ; non seulement n’a-t-on même pas réglé nos comptes avec lui – comptes qu’avait su régler avec le socialisme italien et avec ses propres origines l’ancien Parti Communiste d’Italie dans ses célèbres « Thèses de Lyon » émises lors de son IIIe congrès, en janvier 1926 – mais on n’a pas non plus tenté de le faire, en dehors d’initiatives individuelles.

            La « Bolognina » d’Occhetto (le 12 novembre 1989, à l’occasion d’un discours sur la bataille de la Résistance dite de « la Bolognina », Achille Occhetto, alors secrétaire du PCI, a lancé le processus de changement du Parti, abouti le 3 février 1991 avec la dissolution du PCI) est survenue à la fin d’une décennie où la baisse du consensus électoral ne photographiait qu’en partie l’érosion bien plus grande et profonde de la culture marxiste et la dégénération interne du Parti communiste. Favorisé et accéléré par la crise puis la ruine de l’URSS et du socialisme réel comme par l’idéologie gorbatchévienne (d’ailleurs élaborée avec l’apport d’idéologues antimarxistes du PCI), le tournant inauguré par Occhetto eut la force de soustraire la majorité du PCI à la perspective communiste, parce qu’une grande partie de son patrimoine historique et culturel avait déjà été dilapidé. Certes, la nouvelle formation politique n’abandonnait pas complètement l’enseigne de la transformation sociale et des réformes, mais elle la plaçait entièrement au sein du réformisme social-démocrate, de l’acceptation du capitalisme comme dernier horizon de l’histoire. Occhetto brandissait le drapeau social-démocrate à l’heure même où le projet social-démocrate entrait en crise, à cause du profond remaniement à l’Est et de l’ouverture du marché mondial, ce qui signifiait une concurrence inter-capitaliste à l’échelle planétaire, compétition globale sur tous les marchés avec pour effet, d’une part, la nécessité de réduire au minimum les coûts de production directs et indirects et, d’autre part, le fait de n’avoir plus grand-chose à redistribuer. Car la social-démocratie du XXe siècle n’est parvenue à se frayer un chemin en Occident que : a) parce qu’il y avait l’URSS et le camp socialiste qui suggéraient au capital de faire des concessions sur le terrain économique, l’État-providence et le droit du travail, pour éviter que les masses ne se tournent vers l’Est et s’emparent du pouvoir ; b) parce que la phase d’expansion mondiale permettait de redistribuer une partie des profits accumulés afin d’acheter le consensus. Au reste, tous les gourous prêchaient qu’avec la fin de l’URSS il n’y avait d’autre perspective que le capitalisme, que les masses n’avaient pas d’alternative…

            La naissance du PRC pour résister et s’opposer à la dissolution promue par Occhetto n’était pas le fruit d’un projet stratégique mais une simple réaction, résistance faite au nom d’un symbole, d’un drapeau, d’un idéal dans le meilleur des cas voire, plus banalement, d’un calcul politicien en vue du consensus électoral que le vieux logo de la faucille et du marteau pouvait encore assurer. Ce fut probablement tout ce que l’on pouvait faire sur la base des forces existantes et de la profonde érosion culturelle et idéologique intervenue dans le communisme italien, mais cette limite originelle n’a jamais vraiment fait l’objet d’une réflexion ni n’a été posé comme problème à résoudre comme, pour faire une comparaison avec une autre ère, l’ont su faire les communistes italiens avec les thèses de Lyon de 1926 par rapport aux limites historiques et politiques de la scission de 1921.

            La conséquence de tout cela – ainsi que la pierre de touche – a été que le PRC n’a jamais eu une politique de formation de ses cadres militants : « école de Parti » eût semblé un gros mot. Il ne pouvait l’avoir, en l’absence d’un axe culturel et idéologique commun. Pour faire un exemple qui, au lieu de concerner le bilan très contesté de l’histoire du communisme au XXe siècle, porte sur l’action politique actuelle : dans l’analyse de la structure économique et dans les propositions de politique économique, le keynesisme, et non le marxisme, apparaissait comme la pointe révolutionnaire la plus avancée qui fût.

            La débâcle idéologique a également représenté une chute dans le style de travail, dans l’approche des questions suivant, en cela, la dérive de la culture italienne, de plus en plus dominée par la télé-poubelle et par la politique-spectacle, par un manque d’étude sérieuse et par le règne de l’éphémère. Non seulement n’y a-t-il pas eu un retour sérieux à la culture marxiste (la question n’a même pas été posée !), il y a eu une débâcle de la culture tout court. Sauf exception, une grande superficialité culturelle a triomphé.

            Au sein de cette décadence générale, réunies autour de groupes, réseaux de camarades ou courants internes au PRC, quelques revues – pour en citer quelques-unes, aux conceptions parfois très différentes : La Contraddizione, Contropiano, L’Ernesto, Marxismo oggi – ont constitué une voix parlant en-dehors du provincialisme italien et dans un courant marxiste et communiste mondial qui, malgré les crises et les difficultés de toutes sortes, n’avait pas disparu. Cette voix luttait et élaborait des idées en proposant des analyses de classe, en reprenant la théorie léniniste de l’impérialisme dans les conditions d’aujourd’hui, en se battant contre la démolition du marxisme, en posant dans des termes corrects la question du rapport à l’héritage communiste du XXe siècle. En revanche, l’analyse de la société italienne et, de là, l’élaboration d’une stratégie qui sût lier le contexte mondial et l’ancrage dans le pays, ont été plus faibles, ce qui reflétait l’état des forces politiques et de la pratique politique.

Les communistes savent que l’une de leurs tâches stratégiques est l’organisation de la culture. Il y a plusieurs niveaux et différentes tâches spécifiques.

            Il faut une élaboration à la hauteur du conflit de classe actuel. Travail réel, non la répétition des théories produites dans le passé par nos classiques. Autrefois organisé de manière collective dans des centres de recherche liés de façon plus ou moins directe au Parti communiste, ce travail est aujourd’hui le fait de forces modestes, de quelques individus de bonne volonté. Les occasions d’échanger qu’ont les chercheurs marxistes et communistes sont rares et non systématiques, elles ne permettent pas de sauts de qualité. Sans en avoir l’envergure, nous sommes tous un peu des Gramsci en prison écrivant des cahiers pour les générations à venir. De surcroît, la diffusion des élaborations se produit ou bien par de petites revues, ou bien par les rares éditeurs disponibles que des limites objectives obligent à des tirages minimes : Achab, Teti, Zambon, outre La Città del Sole, maison d’éditions et centre culturel qui a, en connaissance de cause, posé la question du développement organique d’une culture marxiste et communiste.

            D’autres formes de théorisation dominent à « gauche », parfois intéressantes mais bien loin d’une conception marxiste et communiste : que l’on pense à la fortune récente dans l’univers ex-altermondialiste des théories de la décroissance propagées par Serge Latouche et par d’autres, qui cernent de façon unilatérale un grand problème du capitalisme mais indiquent une solution régressive, en partant d’un point de vue fondamentalement occidental.

            Il faut travailler pour que l’élaboration marxiste puisse se frayer un chemin et acquière une dimension de masse au lieu de se borner à quelques cercles de savants. Aujourd’hui, la théorie est perçue par une bonne partie de ce qui reste du « peuple communiste » comme un vain mot, un oripeau, de toute manière inférieure à la pratique. Ou alors – c’est le revers de la médaille – comme une affirmation identitaire, soulignement de ses origines, des textes sacrés. Dans un cas comme dans l’autre (les deux cas ayant des raisons historiques précises dans l’usage dévoyé qui a été fait de la théorie) elle est considérée comme une opération rhétorique.

            Il faut donc redonner sa dignité à l’élaboration théorique marxiste, organiser ses lieux et ses formes, afin qu’un travail jusqu’ici personnel redevienne collectif et nécessaire à la transformation révolutionnaire de la société.

            Problème ardu. Nous en avons décrit la tête, mais non la base. Nous avons non seulement perdu les lieux communistes de la production et de la circulation des théories (suppléés en ces années par les productions des intellectuels, « traditionnelles » en ce qu’elles se fondent sur une tradition d’élite et d’individus), nous avons aussi perdu le terrain sur lequel peut se développer fructueusement une élaboration marxiste qui, en tant que telle, n’est jamais pure étude intellectuelle mais action transformatrice des rapports sociaux. Une culture communiste de base est absente. Sans cela, les élaborations théoriques les meilleures seront l’apanage du cercle, si restreint qu’il risque de s’éteindre, des intellectuels marxistes, ne deviendront pas l’acquis des masses ni ne pourront se nourrir des critiques, des suggestions, des observations, des pratiques des masses.

            Autrement dit, dans les vingt dernières années on a assisté à une véritable rupture générationnelle dans la transmission de la culture marxiste et communiste. Les nouvelles générations, qui en ont vaguement entendu parler et qui ont essayé d’étudier quelque chose, s’en sont approchées de manière hasardeuse, occasionnelle, atomisée. Leur vision de l’histoire du mouvement communiste italien et mondial (ce qui signifie aussi, inévitablement, l’histoire du Monde), de la théorie marxiste, de la conception du monde communiste est fragmentaire, mélangée au sens commun sous l’emprise des idées de la classe dominante. Ce caractère dispersé, cette absence d’une conception organique produit également une grande difficulté de communiquer, un Babel de langages, une confusion de concepts. Pour lever toute équivoque, je ne veux pas ici défendre l’uniformité dogmatique d’un B-A-ba du communisme, mais la nécessité de bâtir les bases d’une culture marxiste organisée qui parvienne à redonner aux camarades les instruments essentiels pour lire le monde et s’orienter dans l’action politique.

            Nous éprouvons le besoin urgent de construire une culture communiste de base s’appuyant sur la production éditoriale traditionnelle (manuels d’histoire communiste, d’histoire du syndicat, d’introduction au marxisme mais aussi livres d’inspiration marxiste sur les développements scientifiques, sur l’anthropologie, sur l’histoire des religions…) et sur les nouvelles technologies et la diffusion par la Toile. A ce propos, le travail accompli par des camarades comme le site Resistenze, du Centre de culture populaire de Turin, montre la voie et, en plus, nous dit qu’il ne faut pas de grands moyens pour rendre disponibles en ligne les grands classiques du marxisme et de milliers d’articles et documents.

            Mais il faut un saut de qualité. Un grand travail coordonné et organisé qui soit à même de centraliser les initiatives utiles mais éparpillées de groupes, d’individus, et de planifier leur travail pour éviter des doublons et optimiser la production éditoriale. Plusieurs énergies restent inutilisées ou sous-employées, dispersées, fragmentées. L’Italie n’est pas seulement le pays de Machiavel, c’est aussi la terre du Guichardin, du particularisme communal, de la tendance à la constitution et à la reproduction extensive de cénacles et groupes avec leur apparat microscopique de chefs satisfaits de leur rôle : il vaut mieux être le premier à Tivoli que le deuxième à Rome… Ce particularisme a caractérisé également l’histoire du socialisme et du communisme italiens et n’a été dépassé que lorsque le Parti communiste s’est doté d’une structure forte et d’une stratégie efficace. Depuis la liquidation du PCI et avec la panne stratégique du PRC (maintenant patente en raison de la débâcle électorale, mais présente dès les origines et aggravée par la direction volubile de Bertinotti, qui oscillait entre altermondialistes et tentations gouvernementales) ce même particularisme tend à s’accroître et à se multiplier dans de petits centres souvent autistes, plus attentifs à se préserver, en dépit de leurs proclamations fracassantes, qu’à promouvoir une politique réelle de conquête de la classe ouvrière et de lutte de classe.

En ce moment, il est fondamental de travailler pour dépasser la dispersion, pour centraliser toutes les ressources, humaines et matérielles, communistes. Tâche particulièrement ingrate étant donné la situation où aucune force communiste ne dispose d’une masse critique suffisante pour pouvoir se présenter comme un pôle d’agrégation des petites « républiques autonomes » communistes éparpillées dans la Péninsule. Dans la faiblesse générale, chacune peut nourrir la conviction d’être au centre du processus de reconstitution de l’unité communiste, de connaître la bonne méthode, de pouvoir être hégémonique. Or elles ne font qu’ajouter à la dispersion.

Il faut la force d’un projet à même, aujourd'hui, d’unifier sans exiger une uniformité impossible ou des homologations absolues et qui soit capable de céder sur des questions secondaires pour mieux atteindre l’objectif principal. L’unité politique n'est pas donnée au départ, c'est un processus de lutte et de transformation.

 

Tant que la question de l'organisation de la culture communiste sera jugée superflue, sorte de « luxe » par rapport aux urgences du moment (listes électorales, etc.), nous n'aurons aucune base solide pour la reconstruction communiste et pour l'unité des communistes.

 

À partir de l’exigence fondamentale de la diffusion d’une culture communiste de base sur laquelle greffer un processus d’élaboration théorique et stratégique collective, donc un progrès intellectuel de masse, non limité aux cénacles savants, nous pouvons lancer la proposition d'une coordination des différentes réalités communistes oeuvrant sur le front culturel (revues, maisons d'édition, sites internet, etc.) afin de parvenir réellement à des formes de coopération et à la création d'un centre éditorial et culturel fort. Dans le passé récent des tentatives ont eu lieu, c'est le signe évident que cette exigence est ressentie, sans pouvoir pour autant dépasser le particularisme et la dispersion.

 

C'est une perspective stratégique. Sans une politique organisée, non épisodique, de

 

   diffusion d'une culture communiste de base

   formation de cadres communistes

   élaboration théorique et stratégique collective

 

toute proposition de reconstruciton communiste sera éphémère et soumise aux conflits et à la fragmentation dûs à l'absence d'un réel collant : celui-ci ne peut qu'être fondé sur une conception du monde unitaire et commune, sur une base marxiste qui nous permette de lire le « monde vaste et terrible » et de s'y orienter, sur une éthique communiste qui place la visée communiste avant l'avantage personnel. Reconstruction qui n'a pas besoin d'utiliser rhétoriquement les « intellectuels » comme oripeaux mais qui se fonde sur des militants-intellectuels et d'intellectuels-militants.

 

Il faut la force d'un projet

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13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 07:31

Communiqué du Comité Central du Parti Communiste de Grèce

Sur les dernières évolutions à l’occasion de la mobilisation suite à l’assassinat de l’adolescent de 15 ans

Le Comité Central du Parti Communiste de Grèce (CC du KKE) s’est réuni le mardi 9 décembre et a discuté de la situation politique du pays à l’occasion des évolutions des derniers jours, les luttes massives des travailleurs et de la jeunesse, qui ont manifesté leur protestation contre l’assassinat de l’élève de 15 ans, leur indignation pour les problèmes populaires aigus. Le CC du KKE est arrivé aux conclusions suivantes :

1.                  Le CC du KKE salue les jeunes hommes et femmes, élèves, étudiants, travailleurs, qui dès le premier moment et jusqu’à ce jour ont réagi avec des mobilisations de masse et de la protestation à l’assassinat d’Alexandros Grigoropoulos. Ils ont révélé les raisons politiques intemporelles qui ont armé la main de l’assassin, les responsabilités précises du parti de la Nouvelle Démocratie. Les mobilisations avaient aussi comme support les problèmes populaires aigus, l’autoritarisme, la répression d’état, l’indignation de la jeunesse, l’angoisse et l’incertitude pour l’avenir. Le CC du KKE adresse un appel combattif de continuation et intensification des luttes du peuple et  de la jeunesse qui sont en effervescence tous ces derniers mois et qui doivent s’échelonner afin de repousser la nouvelle attaque en raison de la crise économique et de l’autoritarisme d’état qui s’intensifie. Le KKE signale : aucun sursis à l’action et mobilisation de combat populaire, l’organisation et sauvegarde des luttes, au développement de formes supérieures de lutte à travers de processus collectifs avec de la participation populaire et un sentiment de responsabilité de lutte. Des luttes populaires qui toucheront tout le spectre de la politique dominante, depuis la flambée de la répression et violence d’état jusqu’aux revendications économiques et sociales de la classe ouvrière, des petites et moyennes couches sociales de la ville et du village, de la jeunesse et des femmes, contre l’immense attaque que subissent leurs droits. Les travailleurs, ici et maintenant, doivent prendre cette affaire en main. Les lieux de travail, les usines, les secteurs, les chantiers, les grands magasins des villes, les lieux d’éducation et d’habitation doivent devenir des cellules vivantes de la renaissance et du développement du mouvement ouvrier et populaire.

 

2.                  L’assassinat de sang-froid de l’élève de 15 ans Alexandros Grigoropoulos le soir du samedi 6 décembre, par des gardes spéciaux des forces de répression d’état, était une « chronique de mort annoncée » par la répression et violence d’état, par une politique qui voit comme ennemis le peuple et la jeunesse qui revendiquent, qui luttent, qui contestent le pouvoir de la ploutocratie du pays et ses partis politiques. Une politique qui est inamicale envers toutes les formes combattives d’action, envers les mobilisations de grève, les manifestations, les occupations, envers toutes les formes de lutte qui sont organisées et politiquement élevées. Une politique qui est inamicale à l’organisation collective et à l’action des ouvriers, des agriculteurs, des petites et moyennes couches sociales des villes, de la jeunesse. L’assassinat de l’élève est la continuité de la violence et de l’autoritarisme policiers, qui s’est intensifié ces dernières années contre les ouvrières et ouvriers sur les lieux de travail avec des chantages et intimidations, contre les immigrés, victimes de l’exploitation et des guerres, contre les étudiants et élèves qui sont persécutés car ils revendiquent une éducation publique gratuite. C’est le même ventre du système qui crée les victimes de l’indifférence du patronat, les ouvrières et ouvriers morts sur le lieu du travail.

 

3.                  Énormes sont les responsabilités de tous les gouvernements du pays jusqu’à ce jour, de la Nouvelle Démocratie et du PASOK. Ils ont promulgué  et appliqué les lois qu’eux-mêmes ont à tour de rôle voté au parlement. Les lois « anti »-terroristes, le traité de Prüm (Schengen III), les lois pour l’usage des armes par les policiers qui facilite leur usage abusif, l’élargissement  des pouvoirs des services secrets, la création de systèmes de surveillance, l’implication progressive des Forces Armées dans des questions d’ordre intérieur. La création d’un autre mécanisme, complémentaire de la police nationale au niveau municipal, l’élargissement  de l’usage de chiens de police lors des apparitions publiques de la police nationale et lors des manifestations, l’élargissement du port d’arme des agences privées de sécurité et tant d’autres.

 

4.                  La violence aveugle des casseurs encagoulés dont nous devenons témoins surtout à travers des chaînes de télévision, tend d’être utilisée par l’état bourgeois, le gouvernement de la Nouvelle Démocratie, afin de bloquer la vague de contestation et intervention populaire qui se développe. La sauvegarde des luttes est l’affaire du mouvement populaire organisé et non pas de la police, des forces de répression. Avec  la contribution du KKE et des forces de classe, les luttes, le mouvement peuvent être sauvegardées par eux-mêmes et faire face tant à l’état de répression qu’aux casseurs encagoulés qui sont les alliés et le bras droit de tous ceux qui veulent voir le peuple résilié et terrorisé. Leur noyau s’est formé au sein de l’état, de source interne et externe au pays, sous le PASOK et la Nouvelle Démocratie. Comme il s’agit souvent dans des cas similaires ceux-ci peuvent échapper également au contrôle des leurs inspirateurs d’origine.

 

5.                  Sont également responsables ceux qui donnent des « lettres d’expiation » à la violence aveugle des casseurs encagoulés, en essayant de les identifier avec des actions spontanées des élèves indignés. Ceux qui caressent les oreilles des casseurs comme le parti SYRIZA et un groupe d’alliés qui lui font la propagande via les médias, ont une responsabilité politique lourde. Objectivement, avec sa pratique le parti SYRIZA soutient contre le mouvement des formes d’action qui sont ouvertes et vulnérables à l’infiltration des mécanismes de répression d’état et d’autres services. La position de SYRIZA est un opportunisme politique. Il s’intéresse, uniquement pour des raisons électorales à flatter, sert de « paratonnerre » à toutes sortes de casseurs, en ciblant les urnes et les jeux de la formation d’un gouvernement après les élections. Avec sa pratique politique et tactique soutient contre le mouvement organisé des formes d’action ouvertes et vulnérables à l’infiltration des mécanismes bourgeois et de répression.

 

6.                  Le CC du KKE salue la réponse de dizaines de milliers de manifestants, travailleurs et jeunes  à son invitation de participer à la manifestation qu’il a organisé en partenariat avec la Jeunesse Communiste de Grèce (KNE) hier, lundi 8 décembre. Il a été évident qu’il existe un plan d’implication du KKE dans une confrontation avec les casseurs d’un côté et les forces de répression de l’autre. Le KKE n’a pas été pris dans le piège, il a organisé un grand rassemblement et une manifestation dans les rues d’Athènes, ainsi que dans des dizaines de villes du pays qui ont été couronnés de succès avec un dynamisme inédit. Des manifestations qui sont arrivées à leur destination d’origine sans un seul blessé. Aujourd’hui, le besoin est pressant de faire entrer en action tous ceux qui jusqu’à ce jour n’avaient pas fait le pas ou ceux qui se sont démobilisés par le passé. Que le mouvement populaire organisé prenne l’affaire en mains avec comme départ les lieux de travail et de vie, avec des coordinations par secteur, par commune, par quartier. Dans le cas où les élus syndicaux, ne répondent pas ou vendent les luttes et bloquent les fermentations de lutte, les travailleurs doivent prendre eux-mêmes l’affaire en main,  avec de processus de masse en formant des comités de lutte. Ils doivent se rassembler et coordonner leurs forces dans tout le pays avec des revendications économiques, sociales et politiques ainsi que contre les lois répressives.

 

Qu’une préparation complète se développe devant la probabilité d’élections anticipées, pour qu’un grand coup soit donné aux partis du bipartisme, que le KKE en sorte renforcé. Le KKE est le facteur décisif du développement de la lutte de classe, du Front sociopolitique, dans la lutte pour des acquis, dans la voie de la rupture et du renversement de situation. La Nouvelle Démocratie et le PASOK doivent recevoir une leçon significative aux prochaines élections. Le peuple doit condamner de façon décisive, affaiblir et tourner le dos au bipartisme ainsi qu’à leurs alliés. Tous ceux qui essaient de dégénérer le radicalisme pour préserver le pourri, injuste et corrompu système de répression et de violence. Le premier pas dans cette perspective est le renforcement et le rassemblement avec le KKE partout. Avec initiative et détermination, avec intensification de la vigilance et de la préparation, de façon bien plus créative, les communistes, les jeunes de la KNE doivent  combiner l’information du peuple concernant les positions du KKE sur l’actualité avec la discussion interne devant le 18e Congrès du Parti, avec une bien plus grande contribution au développement des luttes du peuple et de la jeunesse.

 

- QUE LE PEUPLE ET LA JEUNESSE DONNENT MAINTENANT LEUR REPONSE AVEC LEUR LUTTE ET LEUR VOTE !

 

- LUTTE-ORGANISATION-VIGILANCE-PRÉPARATION

 

- AVEC LE  KKE  NOUS ORGANISONS LA CONTRE-ATTAQUE DU PEUPLE ET DE LA JEUNESSE POUR UNE GRANDE ALLIANCE POPULAIRE SEUL ESPOIR ET GARANTIE POUR UN VRAI POUVOIR POPULAIRE

 

Athènes, 9/12/2008 - Le bureau de presse du CC du KKE

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