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A LA UNE

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36ème congrès du PCF: accès au dossier (en lien)

       
       
         
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La nécessité de rompre avec la mutation-disparition du PCF



1)- Le 29 mai, les luttes ouvrent une voie.

Le 29 mai, le peuple ne s’est pas « trompé de sujet » en faisant le lien entre les choix européens et les choix nationaux. Il a montré l’existence d’une perspective de résistance et de rassemblement pour mettre en échec la politique menée depuis plus de 20 ans dans notre pays, au nom de l’Europe, dans l’intérêt du MEDEF et des marchés financiers.

Suivi par le peuple néerlandais, le peuple français a infligé une réelle défaite à l’offensive du capitalisme mondialisé, à ses servants français et des autres pays de l’UE. Le NON majoritaire a mis en échec le projet de « constitution » européenne, destiné à imposer à perpétuité Maastricht, la concurrence de tous contre tous, le règne du tout marché, à lever les obstacles à la dictature de l’argent pour l’argent en liquidant le fondement des droits démocratiques nationaux, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il a ainsi battu en brèche la fatalité de la dictature de l’UE, montré que l’on peut résister et gagner au plan national, au bénéfice de tous les autres peuples. C’est un point d’appui décisif pour montrer qu’une issue existe au mouvement populaire en France, pour s’opposer à la mise en œuvre des traités et directives dont les gouvernements français successifs se servent pour démolir les acquis sociaux et démocratiques, les atouts économiques de notre pays.

Le NON majoritaire, profondément un vote de classe, a fait une démonstration éclatante du potentiel de résistance qui existe dans le pays pour mettre en échec cette politique. Il se situe dans la continuité des luttes, notamment des grèves de 95, des grandes mobilisations de 2003 contre la casse du système de retraite, de 2004 contre le changement de statut d’EDF-GDF, des luttes contre les délocalisations… Le peuple a pu s’exprimer cette fois sur le fond, et non, comme dans les autres scrutins, sur une « équipe » faute de mieux. Il a condamné sans ambiguïté le jeu politicien de l’alternance des gouvernements.

Le mouvement populaire est à la recherche plus que jamais d’un autre débouché politique, de façon plus ou moins consciente anticapitaliste. Le vote, relayant les luttes, a commencé à pointer la possibilité d’un rassemblement majoritaire dans ce sens. Il y a urgence. L’exaspération, la colère ne cessent de grandir devant la dégradation des conditions de travail et de vie, le chômage, la précarité, les bas salaires, l’envolée des loyers comme devant les délocalisations, la désindustrialisation, la casse des acquis sociaux et des services publics. Les récentes émeutes urbaines constituent une expression, extrême, de cette crise.


2)- Les communistes peuvent et doivent relever le défi!

Dans ce contexte, la responsabilité du PCF est déterminante pour ne pas laisser enfermer le mouvement populaire dans la résignation et le fatalisme, dans l’impasse politique dans laquelle il se trouve depuis vingt ans. Faute de quoi, on laisse le champ libre à la droite comme aujourd’hui pour accélérer la destruction du pays, l’exploitation des travailleurs télécommandées par le MEDEF. A terme cette situation porte le danger de faire le lit de l’extrême-droite sous toutes ses formes.

Le PCF représente dans l’Histoire et l’inconscient collectif de la France le seul parti de masse et de classe dont la raison d’être a été de représenter et organiser le monde du travail dans la lutte anticapitaliste contre l’idéologie dominante.

Il est significatif que le fait que notre parti soit le seul grand parti à appeler à voter NON a suscité un regain d’intérêt et un regain relatif mais réel, de l’activité des communistes. Beaucoup ont eu l’impression de retrouver le Parti qui avait toujours défendu les intérêts des travailleurs contre les puissances d’argent, qui avait toujours dit NON à l’UE du capital et défendu la souveraineté populaire, qui a mené une campagne exemplaire contre Maastricht.



3)- La « Mutation » : un contresens par rapport aux exigences de la situation politique qui précipite le PCF dans le mur.

La direction du PCF s’arc-boutant aux choix stratégiques de la « Mutation » prend la lourde responsabilité de tourner le dos aux perspectives mises en évidence le 29 mai. Perspectives ouvertes non seulement pour le pays mais aussi pour le parti lui-même.

Dès le soir du référendum, elle n’a pas hésité à tendre aussitôt la main aux dirigeants du PS qui ont fait outrageusement campagne pour le OUI, côte à côte avec la droite. Réconcilier le OUI et le NON, autant réconcilier l’eau et le feu ! Aujourd’hui le rassemblement de « toute la gauche » pour 2007, un remake de la « gauche plurielle » est son objectif prioritaire. Elle s’évertue à redonner un vernis de gauche au PS alors même que le dernier congrès de ce parti a scellé, sans surprise, le ralliement de toutes les composantes de la direction qui avaient fait tactiquement le choix du Non. Faire la Une de l’Huma en novembre sur les photos de François Hollande, Laurent Fabius ou Noël Mamère promettant de revenir sur la privatisation d’EDF qu’ils ont eux-mêmes activement préparée et défendue avant même que la privatisation partielle puis totale ne soit actée, c’est faire prendre aux salariés d’EDF, aux usagers et aux communistes des vessies pour des lanternes !

Toujours le soir du 29 mai, la direction du PCF a repris l’objectif de « renégocier » la « constitution » européenne que le peuple français venait de jeter dans les poubelles de l’Histoire pour s’inscrire maintenant dans la revendication de la mise en place d’un « processus constituant ». Dans la continuité de l’orientation « euroconstructive » qui avait conduit à la liste « Bouge l’Europe » en 1999 (dont trois anciens élus sur six ont appelé à voter Oui en 2005), la direction s’obstine à légitimer l’intégration européenne, l’UE et ses institutions.

La période 1997/2002 pendant laquelle la direction a participé à un gouvernement qui a « géré loyalement les intérêts de la bourgeoisie », comme l’avait écrit notre camarade Georges Séguy dans l’Huma et qui a abaissé le Parti à 3,37%, n’a pas été une erreur. Les autocritiques, les repentances actuelles, notamment des anciens ministres dont l’actuelle secrétaire nationale, qui donnent raison après coup aux communistes qui avaient dénoncé cette stratégie (ex : le soutien à la privatisation partielle de France Télécom), ne masquent pas la persistance des orientations stratégiques de la « mutation », de la mutation-catastrophe, de la mutation-disparition du PCF.

La direction du Parti s’arc-boute sur le choix fondamental, théorisé à Martigues, de privilégier la présence dans les institutions et les alliances électoralistes plutôt que les luttes et le terrain de classe. L’aspiration au  « tous ensemble » dans les luttes est dévoyée en un « tous ensemble » des organisations et des groupuscules de « gauche » pour se partager les places en 2007.

La spécificité historique, l’identité du PCF et de lui seul est de représenter, d’organiser, d’être l’émanation politique des catégories sociales qui ont objectivement le plus intérêt à renverser l’ordre capitaliste. Le vote de classe du 29 mai a justifié à nouveau l’existence et le renforcement de ce parti de classe. L’abstention populaire a été faible. 79% des ouvriers, 70% des paysans, 67% des employés, 71% des chômeurs, la majorité des jeunes, des enseignants, de nombreux techniciens et cadres ont voté NON. La poursuite de la « Mutation » va à l’encontre de cette raison d’être du PCF. Elle privilégie les « forums » où tiennent le crachoir les « personnalités », les « experts » et les « spécialistes de la spécialité », les représentants des autres organisations de « gauche ». Elle promeut maintenant ces « forums » aux contours et contenus flous et attrape-tout comme instances de décision pour cautionner des alliances de sommet.   
Parallèlement elle saborde l’organisation révolutionnaire, dans les statuts et dans les faits, les cellules, l’activité communiste à l’entreprise et dans les quartiers populaires, dépossédant le peuple de son organisation politique.


4)- La gravité des abandons théoriques, du contrefeu à l’idéologie dominante

L’abandon par la « Mutation » des « fondamentaux » théoriques du PCF, marxistes en particulier mais aussi léninistes, est un véritable contresens au moment où le capitalisme est mis en accusation comme jamais en France et dans beaucoup de pays du monde. Le 29 mai, c’est le refus de la dictature du capitalisme mondialisé qui s’est exprimé. Le capitalisme est même directement condamné en tant que tel aujourd’hui : un sondage du quotidien Libération indique que les deux tiers des Français rejettent le capitalisme.
Pourtant la direction du PCF préfère utiliser le vocable de « libéralisme » ou pire « d’ultralibéralisme » comme si la logique du capitalisme n’était pas globalement à combattre, ou pire comme s’il pouvait exister un capitalisme du moindre mal, à visage plus humain… Derrière l’introduction de la notion de « dépassement du capitalisme » en 1994, la direction n’avait-elle pas déjà lancé cette analyse profondément erronée et dangereuse ?

L’échec de l’expérience socialiste en URSS et dans les pays de l’est exige une analyse critique communiste approfondie à laquelle la direction du PCF se refuse. Au contraire, elle reprend les patins des anticommunistes de toujours pour constamment s’auto-flageller sur l’histoire du mouvement communiste international et français et pour renier des principes qui gardent toute leur valeur et qui ne peuvent que servir le mouvement populaire. Le « Manifeste du Parti communiste » de 1848, l’ensemble de la pensée marxiste demeurent d’une fulgurante actualité à l’heure de la nouvelle phase de la mondialisation capitaliste.

Concrètement, l’abandon par la direction du PCF de la référence et de l’objectif du socialisme (à la française), de l’appropriation publique et sociale des principaux moyens de production et d’échange prive aujourd’hui le mouvement populaire de propositions de rupture immédiate pour s’opposer efficacement à la politique du gouvernement et aux attaques du MEDEF. 

Au nom d’une « visée communiste » nébuleuse et œcuménique, d’objectifs toujours plus lointains, on rentre dans la logique du réformisme. Ainsi, sous prétexte de défendre une visée, (pour les calendes grecques) de création de vastes « pôles publics », dans la suite du concept frelaté de « mixité publique et sociale » (29ème congrès 1996), on a abandonné entre 1997 et 2002 la lutte contre les privatisations partielles puis totales, par exemple France Télécom, Air France, Autoroutes du Sud…, on a laissé passer la transposition en France des directives d’ouverture à la concurrence et au marché privé des activités de service public.

La même logique conduit la direction du Parti à défendre des propositions illusoires, notamment au nom de l’emploi, qui objectivement favorisent les revendications du MEDEF : l’objectif de régulation des aides publiques aux entreprises légitime les cadeaux au patronat, l’objectif de « modulation » des cotisations sociales légitime les milliards d’exonération qui ne font que nourrir les profits en sapant le financement de la Sécurité sociale, légitime la remise en cause de la part socialisée du salaire au nom du dogme de la « baisse du coût du travail ».

Depuis 2002, dans une posture d’opposants à la droite, la direction du parti, la plupart des élus s’appliquent à apporter un soutien de témoignage, certes bienvenu, à ceux qui luttent mais sans être en mesure d’identifier les véritables responsabilités et de donner d’autre perspective que les échéances électorales.


5)- L’effacement du PCF toujours à l’ordre du jour !

La direction du Parti poursuit avec acharnement ses manœuvres pour effacer l’identité du PCF.

Le nouveau bulletin d’adhésion affiche la couleuvre avec l’intitulé: « fiers d’être à gauche !». Il est significatif que la direction ne lance plus aucune initiative politique nationale digne de ce nom sous les couleurs du Parti.

Les « forums » sont un instrument central de ce processus d’effacement. Ils constituent les prémices de la tentative de fondre progressivement le Parti dans ce que certains appellent « un pôle de radicalité » avec des « personnalités », des mouvements qui n’ont rien de commun avec l’histoire et l’identité communistes, qui pour beaucoup n’ont cessé de combattre le PCF dans le passé quand il était sur une position de classe dite « dure ».

A l’autre bout, l’adhésion forcée (obtenue par le vote biaisé d’à peine 20% des adhérents encartés) au Parti de la « Gauche » européenne, le PGE, participe de la même logique. Le PGE, placé sous la tutelle des institutions de l’UE et contribuant statutairement au processus d’intégration européenne, regroupe des partis dont le point commun est de tourner le dos à la référence communiste.
Cette volonté d’effacement a également abouti aux élections régionales de 2004 au choix de s’intégrer dès le premier tour aux listes du PS dans la majorité des régions ou encore à composer des listes de type « Bouge l’Europe » non présentées par le PCF (ex en Ile-de-France). Dans quelques régions cependant, notamment la région Nord Pas-de-Calais, ces choix n’ont pas prévalu. 



6)- La rupture avec la « Mutation » ne peut être que l’œuvre des communistes eux-mêmes

L’ensemble du processus de la « mutation », les décisions stratégiques engagées maintenant tourne ainsi le dos à la responsabilité historique du PCF dans la période, condamnent le Parti à court terme. La rupture avec la mutation s’impose. Elle ne viendra pas des différentes tendances qui composent maintenant l’essentiel de sa direction, elle ne pourra être l’œuvre que des communistes eux-mêmes. C’est aujourd’hui leur responsabilité, qu’ils aient encore la carte du PCF ou qu’ils ne l’aient plus.

L’un des résultats principaux de la « Mutation » a été depuis 1994 de vider le Parti de ses adhérents, de la plupart des communistes. Officiellement, les effectifs se seraient effondrés de 590 000 membres à 120 000 aujourd’hui. Certains camarades ont déchiré leur carte devant les reniements de la période 1997/2002. Beaucoup d’autres ont simplement été éliminés dans les faits, notamment les camarades des entreprises et des cités populaires, avec la déstructuration de l’organisation et la mise à mort des cellules. Ils constituent une majorité qui d’une façon ou d’une autre n’a pas accepté la « Mutation ».

Pour autant il serait illusoire d’imaginer reconstruire à l’heure actuelle un parti communiste hors du PCF.

Ce serait abandonner le formidable capital de luttes attaché à son nom, ce dont le référendum vient à nouveau d’attester.
Par ce qu’il représente dans l’Histoire de notre pays, le PCF constitue un acquis essentiel du mouvement ouvrier. Il a pris une part décisive dans toutes les conquêtes sociales du 20ème siècle, dans la lutte contre le fascisme, dans la Résistance pour la libération du pays, contre les guerres coloniales, pour la solidarité internationale…
Aucune autre formation politique ne peut s’en prévaloir. Sa théorie marxiste, sa forme d’organisation originale ont fait leurs preuves. Elles en ont fait un parti de classe et de masse implanté dans les entreprises et les quartiers, sur le lieu de l’exploitation, apte à contrecarrer le capitalisme et son idéologie.
Ces racines profondes dans le pays, cet héritage, même si la direction « mutante »  n’hésite pas à le dilapider, restent liés au PCF dans l’inconscient collectif du pays et en particulier du monde du travail.

L’avenir du PCF concerne tous les communistes. C’est encore cette question qui peut rassembler les communistes qui ont quitté le Parti ou dont le Parti s’est éloigné, qui peut faire le lien avec les groupes locaux et nationaux de camarades qui se sont organisés dans et hors du Parti en opposition avec la « Mutation » et les préserver de l’éparpillement.

Des résistances importantes à la « Mutation-disparition » continuent d’exister et même se renforcent dans le Parti sous différentes formes. La direction est obligée d’en tenir compte. Elle a dû renoncer à changer le nom du Parti à Martigues comme elle en avait l’intention. Elle n’a pas suivi les précurseurs de la Mutation, comme Philippe Herzog et Charles Fiterman, qui ont appelé à voter oui au référendum.
Elle accomplit ses coups de forces successifs (modifications des statuts, PGE…) en catimini, avec un soutien minoritaire lors des votations internes (par rapport aux inscrits).
Dans bien des fédérations, l’appareil ne tient que sous la perfusion des élus satellisés au PS.

Des cellules, des sections, des « réseaux », des collectifs, des groupes de communistes restent organisés ou se réorganisent pour mener une activité communiste autonome de la direction mutante au cœur des luttes.

L’enjeu primordial de ce 33ème congrès est de rassembler le plus possible de camarades, avec ou sans carte du PCF pour engager la rupture avec la « Mutation» réformiste du Parti.

Il s’agit d’abord, à l’occasion du congrès, de faire monter le plus haut possible l’exigence de cette rupture dans le Parti et publiquement.

Il s’agit ensuite de contrecarrer à plus long terme dans les actes les orientations et les effets de la « Mutation ».
La préparation du congrès doit ainsi contribuer à créer les conditions du développement, de la revivification, de la recréation d’organisations communistes de base du PCF, cellules, sections, collectifs, abandonnées par la « Mutation » dans les entreprises, les quartiers, les zones rurales du pays.
Elle doit contribuer à alimenter l’action communiste immédiate pour alimenter les luttes et renverser dans les faits la priorité accordée par la « Mutation » à la figuration dans les institutions.
Elle doit viser à combler le déficit idéologique et l’absence de projet de rupture dans lequel 10 ans de « Mutation » ont laissé le Parti.

C’est l’objectif et l’ambition de cette base alternative de discussion: remettre le PCF sur les rails de la lutte des classes, envers et contre la direction « mutante ».
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