Papandréou convoque un référendum pour tenter de contenir la révolte du peuple grec. Utiliser toutes les contradictions du capital pour faire avancer nos luttes.
Vivelepcf (EDT), 1er novembre 2011
La montée de la révolte du peuple grec et de son organisation par le Parti communiste grec et les organisations syndicales qu’il inspire commence à bousculer les calculs des capitalistes européens.
Il y a à peine quelques jours, Nicolas Sarkozy et ses collègues chefs d’Etat et de gouvernement européens, globalement soutenus par le PS français, vantaient les vertus de leur plan de Bruxelles pour sauver l’euro : Pour « sauver l’euro » en continuant à pressurer le plus possible le peuple grec.
Mais voilà que le 31 octobre, Georges Papandréou, premier ministre grec, est obligé de les prendre totalement à contrepied. En annonçant la tenue d’un référendum dans son pays sur le plan de Bruxelles en janvier 2012, il le rend caduc dans les faits, au moins jusqu’à cette date.
En 24 heures les commentateurs français, journalistes et politiciens, dépités, retrouvent leurs formules méprisantes contre les peuples, celles qu’ils ont utilisées contre les Danois, les Néerlandais, les Irlandais et bien sûr les Français quand, tour à tour, ils ont voté contre l’UE du capital. Ciel, comment donner la parole à des gens qui ne comprennent rien, qui risquent de ne pas comprendre la question posée !
Ils comprennent d’autant mieux que ces donneurs de leçon qu’ils ne sont pas de la même classe sociale !
Sans nul doute, l’ampleur de la protestation de couches de plus en plus larges de la population grecque a contraint M. Papandréou.
Les travailleurs, les retraités, les jeunes Grecs ne sont pour rien dans la « crise financière ». Comment pourraient-ils accepter de telles coupes dans les salaires, les retraites, les services publics pour les capitalistes et les usuriers, pour une « dette » qui ne cesse de se creuser ? Comment accepter la mise sous tutelle du pays par l’UE, la BCE et le FMI, dont se satisfait bien le gouvernement et que le plan de Bruxelles veut rendre définitive ? Comment accepter l’humiliation et la xénophobie anti-grecque orchestrée par l’UE ?
Grèves et manifestations s’amplifient. Le mouvement de désobéissance civile devant les nouveaux impôts iniques gagne. L’économie est paralysée. Les syndicats réformistes commencent à ne plus contrôler la situation sociale. Le pouvoir commence à être fragilisé. Les cérémonies pour la Fête nationale du 28 octobre ont été perturbées, le président de la République devant même quitter la tribune du défilé de Thessalonique devant l’expression de la défiance populaire.
L’acte politique de M. Papandréou, disqualifié dans son pays, est très réfléchi. Dans ces conditions qui évoluent vite, face au peuple, imposer le plan de Bruxelles peut faire franchir une nouvelle étape au mouvement populaire. Cela pourrait mettre en échec tout le « sauvetage de l’euro », n’en déplaise à M. Sarkozy et Mme Merkel. Dans le même, cette situation met en évidence des intérêts propres au capitalisme grec, qui ne coïncident pas nécessairement, notamment sur l’euro, avec ceux du noyau européen.
Le premier ministre prend garde de convoquer des élections anticipées comme tout le pays le demande.
En organisant un référendum sur le Plan de Bruxelles, il se donne les moyens d’exercer un véritable chantage sur les électeurs, de les associer à la politique du capital, d’obtenir une caution démocratique.
Les pressions vont être maximales pour les faire voter oui, pour leur faire accepter eux-mêmes ce qui sera présenté comme la moins pire des solutions. S’ils votent non, le système les rendra responsables d’un scénario de remplacement qui pourrait être une intervention directe de la BCE contre d’autres sacrifices.
Pour le pouvoir en Grèce, il est trop tôt pour organiser l’alternance. La droite n’a passé la main aux socialistes qu’en 2009. Elle sera moins embarrassée en tant qu’opposition comme en tant que relève gouvernementale après le référendum.
Le Parti communiste grec (KKE) dénonce l’opération politicienne et ses arrière-pensées. Il intensifie son action pour organiser la colère loin des compromissions réformistes et des provocateurs d’où qu’ils viennent. Il fait monter l’exigence du refus des mesures d’austérité, de l’annulation unilatérale de la dette publique, du désengagement de la Grèce de l’Union européenne. La question du rapport de force pour le pouvoir est au cœur de son intervention de masse. Ce n’est pas un hasard si la répression s’abat sur ses militants.
La résistance du peuple grec appelle toute la solidarité des travailleurs français. Toutes les luttes nationales servent les autres peuples.
La lutte des Grecs peut faire échouer l’accord de Bruxelles qui prépare l’austérité perpétuelle, la « règle d’or » européenne contre notre propre peuple. C’est un point d’appui même si un autre « plan européen » est à attendre. La légitimité de l’UE du capital ne cesse de se dégrader.
En France, le plan Fillon n’était qu’un avant-gout. Déjà un deuxième plan de rigueur est annoncé pour la fin de l’année, un autre est hautement prévisible dès les lendemains des élections de 2012. Amplifions la riposte contre chacune de ses mesures sans nourrir d’illusions sur 2012 !
Une part plus grande de la dette grecque va sans doute être effacée. On ne pleurera pas pour les prêteurs qui se sont déjà gavés d’intérêts. Le besoin de recapitalisation des banques françaises va augmenter. Le gouvernement français va devoir se préparer à renflouer les banques avec de l’argent public. Une mobilisation de grande ampleur est possible contre cette « nationalisation des pertes », contre la politique des banques, pour une nationalisation intégrale de chaque banque sans indemnité pour les actionnaires.
En France aussi, la question de la remise en cause d’une partie de la dette est plus que jamais posée comme de la politique qui la creuse en multipliant les cadeaux fiscaux et les exonérations sociales au profit des riches et du patronat.
« Sauver l’euro » ? Les gouvernements européens ont de plus en plus de mal à défendre cet instrument central de leur politique actuelle et future au service du capital. L’euro est l’instrument de cette politique économique, budgétaire européenne, décidée hors des démocraties et des résistances nationales.
Poursuivons les mobilisations contre Maastricht et contre le TCE !
Si cela ne tenait qu’à la Grèce, cela fait longtemps que les gouvernements européens l’auraient laissée quitter la zone euro. Cela correspond d’ailleurs à l’intérêt d’une partie des capitalistes grecs, handicapés, par exemple dans le tourisme, par « l’euro fort ». D’autres secteurs, comme les armateurs, accumulent les profits en euros et rachèteraient bien leur pays privatisé en drachmes dévaluées.
Mais la sortie de la Grèce de l’euro représenterait une profonde défaite politique pour les tenants de l’UE du capital, la dissipation définitive du mythe de l’Europe solidaire, une menace sérieuse de développement des luttes, de « contagion », contre l’UE du capital dans chaque pays, notamment en France. La fin de l’euro en France, c’est plus d’euro du tout. Ce serait une défaite sans précédent des tenants de l’UE du capital. D’où la pression sur la Grèce et les contradictions qu’elle met en évidence et que nous avons intérêt à exploiter.
C’est pour défendre l’UE et l’euro que se manifestent le plus nettement le consensus entre l’UMP, le PS et leurs satellites. Le système a confié à l’extrême-droite nationaliste la mission de dévoyer les positions défendues historiquement par le PCF contre l’Europe supranationale du capital.
Les événements en Grèce nous incitent plus que jamais à les reprendre, à les porter haut et fort parce que nous luttons contre le capitalisme, parce cette lutte ne peut être qu’internationaliste.