André Chassaigne et André Gerin sont candidats. A quoi et pour quoi ?
Mardi 24 mai 2011, avait lieu une rencontre à Paris avec les députés André Chassaigne et André Gerin, candidats à la candidature à la présidentielle de 2012.
50 communistes franciliens ont répondu à l’invitation. On notait dans l’assistance la présence d’Yves Dimicoli et de Nicolas Marchand, membres de la direction du PCF ainsi que de représentants de divers groupes gravitant dans ou autour du Parti (« Gauche communiste », « Riposte »…).
Une quinzaine de personnes ont pris la parole après les deux André.
A la fin du débat, une question demeure : pour quoi sont-ils candidats ?
Pratiquement aucun sujet de fond n’a été en effet abordé.
André Gerin a enchaîné des formules sur la crise qu’il voit économique mais aussi et surtout « morale et civilisationnelle », sans reprendre ses propos et écrits sur les racines judéo-chrétiennes de l’Europe qu’il voudrait voir reconnaître par l’UE.
Pour l’instant, il se place derrière André Chassaigne mais annonce qu’il se tient prêt à maintenir sa candidature.
André Chassaigne est clair quand on lui demande ce qui le différencie de Mélenchon.
Il veut défendre le Front de gauche à fond. Il reproche à Mélenchon de n’être pas le meilleur pour cela parce qu’il se contente de slogans et ne pratique pas suffisamment la démocratie participative de proximité. Faire le « programme partagé » avec les « gens », voilà ce à quoi André Chassaigne veut contribuer avec les moyens « limités » dont il dispose. Il faut que les « récepteurs » deviennent « émetteurs » et « réciproquement » dit-il.
Interrogé par nous, il ne répond pas sur le PS et la perspective politique du Front de gauche alignée sur « l’ensemble de la gauche ». Sur l’Europe et l’euro, il considère que Mélenchon (pourtant Maastrichien !) est « trop anti-européen »…
Chassaigne maintiendra-t-il sa candidature ?
Yves Dimicoli et Nicolas Marchand l’en implorent. L’intéressé est évasif. Le dilemme de la direction du Parti se comprend.
Si les communistes prennent conscience massivement que tout est bouclé en faveur de Mélenchon avec le Front de gauche, il risque d’y avoir des remous dans le Parti. Il sera difficile, même en jouant sur les législatives, de les mobiliser pour la campagne.
Mais si Chassaigne maintient sa candidature, Mélenchon risque de se trouver si peu soutenu dans la principale composante du Front de gauche que toute la stratégie du Front risque d’être remise en cause. Même malgré Chassaigne lui-même.
Trouver une formule dans le bulletin élaboré pour la Conférence nationale des 3, 4 et 5 juin permettant de laisser le nom de Chassaigne en ouvrant quand même la voie à Mélenchon semble être le casse-tête chinois de la direction du Parti.
Vraiment, plus que jamais, la question essentielle est celle du contenu de la ligne politique que devrait défendre le PCF dans les luttes maintenant, puis, le moment venu, dans les élections demain. De cela nous n’avons guère entendu parler.
Gerin, lui, n’a pas de problème pour soutenir Chassaigne aujourd’hui tout en laissant entendre qu’il ne se situe pas dans le Front de gauche demain.
Les deux complices ont tenu l’auditoire pendant des dizaines de minutes sur « leur nouvelle façon de faire de la politique », aussi ringarde qu’une campagne électorale radicale-socialiste des années 50.
Gerin restera-t-il candidat après le 5 juin, voire jusqu’au bout en tant que communiste indépendant ? Il réserve sa réponse.
S’il doit l’être, il est impossible d’identifier sur quelle base après cette réunion fort creuse.
Décidément, il faut qu’apparaisse un sang neuf dans ce parti face aux visées liquidatrices, pardon, « transformatrices » de la direction nationale derrière Pierre Laurent et Mélenchon.
J. JAMELOT et Pierre Y.
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