de Pcf Paris 15, 12 août 2012- Dossier: « Troupes françaises hors d’Afghanistan »

Un 88ème militaire français a été tué en Afghanistan le 7 août 2012, laissant une veuve et trois orphelins. Le mort a eu le droit à une cérémonie à Paris et à un discours présidentiel le 11 août dans l’Isère.

Là encore, nouveau président mais pas changement. François Hollande a repris les mêmes expressions que celles de Nicolas Sarkozy, mélangeant compassion, grandiloquence, mais surtout réaffirmation, sans aucune autocritique, de la politique d’intervention militaire française dans le monde.

120812_Hollande_Afg1-2.jpgSelon François Hollande : « La France se bat, non pas pour son influence dans le monde, non pas pour ses intérêts, mais au nom de valeurs et de principes. C’était le sens de la présence de la France en Afghanistan. Elle avait été décidée au lendemain de l’attaque terroriste du 11 septembre 2001 qui avait frappé les Etats-Unis d’Amérique. …
Il s’agissait à l’époque d’en terminer avec un régime lié à Al Quaïda et qui abritait Ben Laden. A l’égard de forces obscures qui menaçaient la sécurité du monde. Nous avions un but, un seul : permettre aux Afghans de prendre souverainement en charge leur propre destinée. Cette mission est aujourd’hui accomplie.
 »

Quel beau bilan en effet ! 11 ans de guerre d’occupation ont détruit, tué partout dans le pays. La résistance nationale, menée par des « talibans », ceux-là qui tenaient le régime précédent, n’a cessé d’enregistrer des victoires politiques et militaires. Le pouvoir intronisé par les Américains est totalement fantoche et ne se distingue que par sa corruption sans égale. Quant à Ben Laden, il a été tardivement liquidé, dans sa résidence pakistanaise, alors que l’administration américaine avait déjà décidé le retrait.

Dans la campagne électorale, gauche et droite se sont disputées la primeur de la sortie des troupes françaises de cette guerre impopulaire. En réalité, l’une et l’autre n’ont fait que s’inscrire docilement dans le calendrier de retrait fixé par les Etats-Unis.

Hollande ne se prévaut aujourd’hui du retrait auquel il se serait « engagé » que pour mieux justifier de nouvelles interventions. Notons que le militaire dont on vient de célébrer les obsèques n’aurait pas fait partie des 2000 qui rentreront normalement d’ici la fin de l’année, mais des 1000 autres qui comme lui, major et « conseiller militaire », resteront encore.

Rien des objectifs officiels de la guerre en Afghanistan n’a été atteint mais était-ce les vrais objectifs ? Evidemment non.

Le lobby militaro-industriel occidental s’est gorgé de centaine de milliards de dollars. La guerre est le principal moteur de la « croissance » US ! L’Afghanistan aura aussi coûté aux contribuables français entre 5 et 10 milliards d’euros.

Les puissances impérialistes occidentales ont poursuivi leur travail de déstabilisation d’une zone géostratégique majeure, carrefour du transport du pétrole. Ils ont fait une démonstration de forces non loin de la Chine et de la Russie. L’Afghanistan, après l’Irak, avant la Syrie ? Mêmes si les conditions afghanes se sont avérées particulièrement retorses.

Voilà les véritables raisons pour lesquelles la France a fait la guerre alignée derrière les Etats-Unis avec les autres pays de l’UE pour défendre, n’en déplaise à M. Hollande, les intérêts de l’impérialisme français liés à ceux du capitalisme US et UE.

La mise en scène toujours plus accentuée des obsèques des soldats français tombés en Afghanistan appelle la réflexion. Le pouvoir redoute visiblement l’opinion publique. Prépare-t-il ou du moins n’exclut-il pas, après la coûteuse opération libyenne de 2011, l’engagement de troupes sur de nouveaux théâtres d’opération ?

Dans son discours du 11 août, devant la dépouille du soldat français, François Hollande, affirme : « Cette semaine encore, nos forces déploient un groupement médico-chirurgical dans le nord de la Jordanie. J’en ai ainsi décidé sur la proposition du ministre de la Défense. Au plus près de la frontière avec la Syrie, pour venir en aide aux réfugiés mais aussi aux combattants… » : Aveu que la France intervient déjà du côté d’un belligérant.

Plus que jamais, communistes français, nous voulons agir contre la guerre impérialiste, casser le consensus des forces politiques derrières les « interventions » hypocrites, coûteuses et meurtrières.

L’intervention en Afghanistan derrière les Etats-Unis a été décidée en 2001 par Chirac et la gauche « plurielle ». Son intensification et sa prolongation ont reçu l’accord de la droite et de la gauche parlementaires. Elles surenchérissent maintenant sur la forme d’une intervention en Syrie. Aucune véritable contestation nationale de la guerre en Afghanistan n’a été organisée en France, malgré des initiatives, comme la pétition lancée en 2008 pour le retrait d’Afghanistan émanant de plusieurs organisations du PCF, dont la nôtre, à l’appel d’Henri Alleg.

Plus que jamais, nous appelons et contribuons à des actions nationales pour :

-          Le rejet de toute forme d’ingérence française à l’étranger, notamment en Syrie, l’arrêt immédiat de toutes les interventions militaires françaises en cours hors de France, le retour en France de tous les militaires français « en mission » à l’étranger, la sortie unilatérale de la France de l’OTAN et des politiques extérieures de l’UE.

Hollande finit son discours en se référant à « la force de l’âme française » vantée par Clémenceau pour accompagner des millions de jeunes à la grande boucherie de 14-18. Nous préférons une autre citation : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels » (Anatole France).