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36ème congrès du PCF: accès au dossier (en lien)

       
       
         
21 août 2009 5 21 /08 /août /2009 14:55

Bataille contre la privatisation de la Poste : l’unité d’organisations ne devrait pas nuire au rassemblement pour gagner

 

L’aspiration à l’union, au rassemblement contre la politique du pouvoir part d’un constat.

 

Objectivement, les contre-réformes du gouvernement sont rejetées par une grande majorité des salariés, des retraités, des jeunes. Objectivement, chaque lutte, pour l’emploi, la sécurité sociale, les services publics… revêt de plus en plus un caractère d’intérêt général.

L’ampleur des grèves et des manifestations interprofessionnelles des 29 janvier et 19 mars ont fait la preuve de l’ampleur des possibilités de rassemblement et de leur force potentielle.

 

Cependant, elles n’ont pas mis en échec le gouvernement sur une seule de ses contre-réformes, comme cela s’était passé en novembre/décembre 95 ou plus récemment et plus modestement en 2006 contre le CPE.

 

Communistes, responsables du PCF, cette contradiction doit être notre préoccupation majeure, contribuer à en sortir, l’objectif de notre action. Cela en restant sur le terrain politique tout en étant nécessairement très attentif aux options syndicales.

 

La bataille contre la privatisation de La Poste rentre dans une nouvelle phase avec le nouveau projet de loi que le gouvernement veut faire voter avant la fin de l’année.

 

Les convergences d’intérêt autour de la défense de la Poste invitent à en faire un point de convergence des luttes :


- L’opposition massive des agents de La Poste à la privatisation qu’ils subissent directement, les nombreuses luttes locales des postiers sont autant de points d’appui.

- Du côté des usagers, des actions locales contre les conséquences de la privatisation, contre des fermetures ou « restructurations » de bureaux par exemple, font la démonstration de l’ampleur de l’opposition et des possibilités de la faire s’exprimer rapidement.

La privatisation de la Poste peut être à la hauteur de ce que représente ce service public dans le pays (également en termes d’emploi et de référence sociale – relative).

- La défense de La Poste va aussi de pair avec la lutte pour tous les services publics qui sont l’objet de la même politique de privatisation.

Le pouvoir sarkozyste s’en est bien rendu compte de la capacité de développement et d’entraînement d’une bataille comme celle de La Poste. Il a soigneusement repoussé l’examen du projet de loi de 6 mois pour qu’il ne coïncide pas avec les mobilisations du début de l’année.

 

L’existence objective de convergences d’intérêt ne débouche pas automatiquement sur une convergence de lutte ! Sur la Poste comme sur le reste. Nous ne le découvrons pas !


En 2004, il n’y a pas eu de mouvement national d’importance, malgré quelques actions locales notamment partant des rangs du PCF, contre la précédente loi de privatisation de La Poste, celle qui a livré le courrier au dessus de 50g au marché privé et transformé en Banque postale de statut privé les services financiers.

En 2004, il n’y a eu aucune impulsion politique, une absence globale de bataille sur le fond et même un refus de l’engager. On notera que depuis cette date, la crise « financière » a rendu plus évident le danger du processus de privatisation des services financiers de La Poste.

 

Quelle action en 2009 ?


De multiples actions locales ont été engagées depuis le début de l’année, en particulier à l’initiative ou avec le soutien d’organisations du PCF.

Au plan national, un « Comité national de mobilisation contre la privatisation de la Poste » s’est créé, unissant des dizaines d’organisations, syndicales, associatives, dont, parmi les partis politiques, le NPA, le PS, les Verts...

Ce n’est pas méchanceté que de constater qu’y figurent des dizaines de groupuscules qui tirent la preuve de leur existence de l’apparition de leur sigle sur d’interminables listes de signataires d’appels « unitaires ».  et que le cadre unitaire leur permet de prétendre représenter la mobilisation des autres.

La direction du PCF semble vouloir s’inscrire nationalement dans ce cadre.

 

Des propositions et initiatives sont avancées autour d’un appel demandant un « référendum » sur l’avenir de la Poste. « Enfin quelque chose ! » se disent les militants qui en ont assez des occasions de lutte manquées. Mais quoi ?

Faute de clarté sur le fond, cette unité d’organisations risque d’être aussi inefficace contre la nouvelle loi de privatisation qu’en 2004.

Par son l’absence de clarté sur le fond, cette unité d’organisations sur un thème de mobilisation important, cautionne des regroupements et des alliances politiciennes à « gauche » à l’avenir. Est-ce l'objectif?

En tout état de cause, le PCF et les militants communistes ne doivent pas se laisser effacer mais s’exprimer en tant que tels et mettre en avant les aspects fondamentaux de la bataille idéologique. C’est indispensable pour contribuer à la victoire de la lutte.

 

Mesurons le contenu et la gravité du nouveau projet de loi contre La Poste:

 

Le texte comprend deux dispositions principales qui accélèrent le processus de privatisation :

 

a-      la transposition de la 3ème directive européenne de marchandisation du courrier.

La distribution du courrier serait entièrement mise en concurrence en France à compter du 1er janvier 2011, y compris celles des lettres de moins de 50 grammes qui relève toujours pour l’heure du monopole de La Poste.

Pour rappel, la 2ème directive a été transposée en 2004 et la 1ère en 1999 par la « gauche plurielle » (loi Voynet).

 

b-     le passage de La Poste sous le statut de société anonyme.

La voie de l’ouverture du capital, c'est-à-dire la privatisation partielle, puis de la privatisation totale, au sens propre du transfert de propriété du public au privé, sera ouverte.

La disposition du projet de loi précisant que le capital restera dans les mains de l’Etat ou de « personnes morales appartenant au service public » ne doit pas faire illusion. Elle sera beaucoup plus facile à lever que le statut d’établissement public, quand ce sera mûr.

Rappelons que le précédent changement de statut, première grande étape du processus de privatisation, remonte à la loi Quilès de 1990, du nom du ministre socialiste qui a cassé l’administration des PTT, fait de la Poste un établissement commercial et qui a sorti les fonctionnaires de La Poste de la fonction publique d’Etat.

 

On le voit, le nouveau projet de loi s’inscrit dans une continuité. La privatisation de la Poste est un processus.

On le voit, la « gauche », derrière le PS, a participé, à Paris comme à Bruxelles, avec zèle, à la mise en œuvre de ce processus. Et encore, nous n’évoquons pas France Telecom ou l’action des socio-démocrates dans les autres pays…

En ce qui concerne la Banque Postale, on retrouve le même processus avec la création par la « Gauche plurielle » de la filiale Efiposte en 1999, l’embryon de la banque.

 

Tout le monde peut changer d’avis ! Mais les positions de la « gauche » qui approuve les directives européennes de mise en concurrence, qui les a votées et mises en œuvre sont inconciliables avec la bataille contre la privatisation.

Aucune mobilisation « unitaire » ne peut se construire sans une mise au clair.


Il y va de la crédibilité parmi les postiers, les militants syndicalistes qui ont combattu hier comme aujourd’hui la privatisation.

Il y va de la crédibilité face au pouvoir sarkozyste qui justifie le changement de statut par les directives européennes et se défend de vouloir privatiser.

Le « Comité national unitaire » ne fait rien pour retrouver cette crédibilité.

 

Revendiquer un « référendum » pour esquiver le fond de la bataille ?

 

Le « Comité national unitaire » développe une proposition phare : la tenue d’un « référendum d’initiative populaire sur l’avenir de La Poste ». Cette demande reflète l’ensemble de sa démarche.

Sous couvert de « donner la parole au peuple », n’est-ce pas un moyen de s’abstenir de se prononcer soi-même sur ce qui fâche mais qui est essentiel?

 

1- D’abord, ce référendum n’a strictement aucune chance d’avoir lieu, quand bien même la proposition serait opportune et largement reprise dans la population.

La loi organique, suivant la modification constitutionnelle de 2008, encadrant ce type de référendum n’a pas été votée. Et en tout état de cause, la nouvelle disposition constitutionnelle exige que 10% du corps électoral, 4,4 millions de citoyens, soutiennent la demande de référendum. En trois mois…  Par ailleurs, on se demande pourquoi faire de la publicité aux modifications constitutionnelles de juillet 2008 qui ont renforcé la dérive présidentielle du régime.

 

2- Ensuite, quelle question pose le « Comité unitaire » avec son référendum ? « Pour ou contre la privatisation ». C’est si général que tout le monde peut s’y retrouver, comme dans les formulations du Comité demandant un service public « maintenu, modernisé et rénové afin de répondre aux besoins ».

Sarkozy ne prétend-il pas lui-même que la privatisation ne saurait être à l’ordre du jour. Au sens précis du transfert de propriété, sa loi ne privatise pas, même si elle fait tout dans ce sens.

Quant à ceux qui, « à gauche », ont préparé la privatisation de leur côté et partagent l’idéologie du marché « libéré », la formule leur permet de se dérober, de se ranger du bon côté, sans frais et sans sortir du consensus « européen ».

Les différends fondamentaux sont gommés. Mais la bataille essentielle contre l’application de la « concurrence libre et non faussée » qui conduit à la privatisation est ignorée.

Si l’on voulait demander un référendum qui amène le vrai débat : demandons la renationalisation intégrale de GDF et de EDF et leur fusion!

 

3- Enfin, inviter à un référendum, faire voter dans des urnes fictives, comme le Comité propose de le faire, c’est indiquer à l’opinion une seule perspective: les échéances électorales, une alternance à « gauche » en 2012, en passant par les régionales et avec les alliances adéquates. En 2012, le projet du gouvernement contre la Poste sera adopté depuis longtemps si la lutte ne rassemble pas maintenant pour y faire échec. Et sans les luttes, il n’y aura rien à attendre en 2012 !

 

Affirmer l’analyse communiste dans la bataille de La Poste !

 

Les communistes sont profondément unitaires dans la mesure où l’unité, pour une lutte précise, comme pour l’alternative politique, est de nature à élargir et renforcer le rassemblement de ceux qui ont objectivement intérêt à les gagner. Mais évidemment, nous ne recherchons pas l’unité pour l’unité.

 

Pour les communistes, ce serait un contresens de se fondre dans la démarche et l’esprit du « Comité national ». Notre but ne peut être que de tout faire pour contribuer à faire reculer le gouvernement. Y compris dans un cadre unitaire, nous n’avons pas à nous rallier au plus petit dénominateur commun. On sait comment cette position a déconsidéré le PCF pendant la « gauche plurielle ».

 

Aussi les communistes doivent-ils avoir leurs propres initiatives et dans les rendez-vous unitaires, comme ceux organisés le 3 octobre, bien souvent par des municipalités communistes d’ailleurs ou des organisations locales, à l’appel du « Comité national », mettre en avant les analyses qu’ils jugent efficaces dans la lutte idéologique.

 

Des axes de lutte indispensables :

 

1- L’objectif immédiat de la bataille pour La Poste est la mise en échec, le retrait, du projet de loi du gouvernement portant le changement de statut et la mise en concurrence intégrale.

C’est la condition pour commencer à inverser le processus de privatisation.

C’est le point de convergence pour donner plus d’efficacité à l’ensemble des luttes contre les effets de la privatisation de La Poste. Une victoire ouvrirait une perspective à l’ensemble de ceux qui combattent la politique au service du Medef.

(Il est amusant de constater comment certains de ceux qui croient dur comme fer dans leur référendum n’imaginent pas mettre le gouvernement en échec sur le projet de loi…)

Les initiatives de lutte doivent correspondre à cet objectif : pourquoi pas une pétition nationale unitaire pour le retrait de la loi ? Un objectif précis et crédible, des explications complètes contre le processus de privatisation, pas d’ambiguïté sur la forme d’action (lutte/vote).

 

2- On ne pourra pas mettre en échec le projet de loi et la privatisation sans s’attaquer à leur justification : l’installation de la concurrence. La concurrence, dont les effets sont connus et analysés, détruit les grands services publics nationalisés de « réseau » (transports, énergie, poste…) et leurs principes d’égalité, d’accès à tous, de péréquation tarifaire…

On doit être logique et cohérent.

Refuser la concurrence dans ces activités fondamentales à la réponse de tous et au développement du pays, c’est rejeter les directives européennes qui les organisent et les prétextent.

Rejeter les directives européennes, c’est refuser la fatalité de leur application dans notre pays. Des rapports de force existent au niveau national : des majorités refusent les lois de la concurrence, leurs conséquences, leurs aberrations (imaginons deux boîtes aux lettres de deux compagnies différentes côte-à-côte !). Ce n’est pas de Bruxelles ou de Strasbourg, irresponsables devant les peuples, acquis à 90% au Traité de Lisbonne qu’il faut laisser l’illusion qu’un changement pourrait venir.

Refuser la concurrence, c’est aussi choisir une alternative qui a fait ses preuves, la nommer et la défendre en positif : les monopoles publics à défendre et reconquérir pour une amélioration et une « modernisation » du service public.


« Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité. », l’alinéa 8 du préambule de la constitution de 1946, issue du programme du Conseil national de la Résistance et de son analyse de l’avant-guerre, est plus actuel. Nombreux sont ceux qui y font référence : qu’ils soient conséquents !

 

3- La question des services financiers de La Poste et de la Banque postale est à mettre en avant au même niveau. C’est la seule banque qui a échappé aux pertes de la « crise financière », grâce à son origine publique. Mais la logique de privatisation s’accentue rapidement avec l’annonce d’investissements financiers à l’étranger, une dérive spéculative, notamment dans les produits d’épargne, un recul rapide des services aux usagers…

L’avenir des services financiers de La Poste est une question d’intérêt national en elle-même, entièrement liée à celle de l’ensemble de La Poste (ex : l’avenir des bureaux).

La proposition du PCF de constituer un « pôle public financier » n’aurait pas de sens si elle ne partait pas de la bataille pour la défense et la reconquête des institutions financières publiques existantes. On a vu comment la casse des statuts des Caisses d’épargne, la privatisation de 40% de la Caisse des dépôts, etc… pendant la « gauche plurielle » l'ont décrédibilisée.

En termes d’orientation de l’épargne populaire, d’accès à tous aux services bancaires, de limitation des excès des banques privées, La Poste a un rôle majeur à jouer, dans la perspective de renationalisation des banques.

Pour stopper la dérive de la Banque Postale, il faut mettre fin à son statut privé de la Banque postale, qui préfigure celui de l’ensemble de La Poste. Avançons l’idée d’une campagne pour la réintégration de la Banque postale dans l’Etablissement public, préservant l’unicité de l’entreprise !

 

 

Communistes, nous devons être à l’offensive pratique et idéologique sur toutes ces questions. Ne laissons pas un cadre unitaire effacer un peu plus notre parti pour anticiper différents scénarios de recomposition politique institutionnelle !

Le PCF a une place particulière dans ce pays, indispensable, pour contribuer à créer les fronts de lutte qui gagnent contre la politique au service du capital.

EDT, pcf Paris 15, pour vivelepcf

 

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