Sous la pression des « refondateurs » la direction du Parti a tendance à faire sienne la théorie qui voudrait que la chute ininterrompue des résultats électoraux depuis plusieurs décennies et l’état d’extrême faiblesse de l’organisation soient la conséquence du « déclin historique du PCF ». La ligne stratégique suivie n’y serait pour rien. Il s’agirait d’un phénomène de société lié aux erreurs antérieures à la mise en œuvre de cette stratégie et contre lequel on ne peut rien.
Aujourd’hui, les questions de l’« utilité » du Parti et de sa « forme » seraient posées et la seule solution d’avenir résiderait dans la dissolution de celui-ci pour faire place à une « organisation de gauche antilibérale » très large et sans référence au communisme car le mot même serait devenu un obstacle à notre influence.
La direction cite pour preuve le score catastrophique des présidentielles, mais elle se garde bien de rappeler que Marie George Buffet s’était mise en « congé du Parti », qu’elle n’était pas la candidate du PCF mais celle d’un « collectif de la gauche antilibérale » nouvellement créé.
La direction n’a également pas un mot sur les succès remportés aux législatives par les « candidats présentés par le PCF », particulièrement dans le Nord.
Elle s’abstient aussi de remarquer que la LCR de Besançenot, qui tient aujourd’hui le langage que nous avons progressivement cessé de tenir, a multiplié ses scores électoraux par dix pendant que le PCF chutait d’autant. La revendication « communiste » que la LCR agite en toutes occasions, et qu’on nous conseille d’abandonner, semble plutôt lui réussir.
La vérité est que les dirigeants du Parti se sont englués depuis des décennies dans une orientation essentiellement électoraliste. La recherche d’accords électoraux avec la social-démocratie pour conquérir ou conserver des positions d’élus a primé sur toute autre considération. Pour faciliter ces accords les directions qui se sont succédé après le 22ème Congrès ont été jusqu’à opérer nombre de virages idéologiques et à retirer quasiment de notre langage des expressions et des mots, pourtant lourds de contenu, mais qui sont sensés faire peur tels ceux de « marxisme », de « lutte de classes », d’« impérialisme »…
Cette ligne suicidaire a conduit le PCF à abandonner progressivement un terrain que les gauchistes se sont empressés d’occuper pour leur plus grand profit.
L’Assemblée Extraordinaire de décembre et le Congrès de 2008 mettent aujourd’hui les membres du Parti face à un choix incontournable et définitif :
- Ou bien accepter la voie italienne qui est proposée : dissolution du Parti, fusion avec la social-démocratie, et au bout, participation à des gouvernements « de gauche » ou « de droite » qui exploitent férocement les travailleurs.
- Ou continuer le PCF en l’expurgeant progressivement des déviations opportunistes qui lui ont fait tant de mal et en luttant aussi contre le sectarisme qui freine aujourd’hui sa reconstruction.
Au moment où les multinationales et leurs gouvernements s’acharnent avec une violence sans précédent contre les acquis sociaux des travailleurs, l’existence d’un PCF, parti de lutte sans compromission contre le capitalisme et pour une société socialiste, est plus indispensable que jamais.
J. Molina