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36ème congrès du PCF: accès au dossier (en lien)

       
       
         
25 avril 2007 3 25 /04 /avril /2007 12:25

Affligeant mais éclairant

Réflexions après le Conseil national du PCF du 24 avril 2007 


Ils sont contents d’eux !
Le 1,93% ne suscite aucune remise en question du côté des dirigeants nationaux du PCF. Au contraire, ils n’ont cessé au CN d’hier de se féliciter de leur « formidable » campagne. A peine certains expriment-ils une déception devant le score. Pas mérité, trop injuste ! Mais il y a des forces majeures contre lesquelles on ne peut rien : les media et surtout le « vote utile ».

Pourtant la logique du « vote utile » n’a pas balayé tout le monde et notamment pas Besancenot qui gagne 300000 voix. Pourquoi ? Pas de réponse du côté de l’équipe de campagne de Marie-George. Quelques membres du CN se hasardent à avancer des explications : les media, encore eux, auraient joué pour Besancenot parce qu’il n’a pas fait sa priorité du rassemblement et de la victoire de « toute » la gauche (derrière Ségolène). Aveu implicite que la campagne de Buffet aurait elle-même alimenté le vote utile !

Je renvoie à notre 
déclaration commune
pour notre analyse sur les causes de l’échec cuisant et la stratégie suicidaire (meurtrière) poursuivie pendant la campagne par la direction. Mais à quoi et à qui est destinée cette véritable méthode Coué ?

Une seule chose a changé dans le discours de la direction depuis décembre. Pendant quatre mois, elle a éliminé toute référence au PCF, Marie-George allant jusqu’à se défendre dans les media d’être la candidate du Parti. Souvenons-nous que dans les consultations de l’automne, le nom de Marie-George était proposé comme « candidate antilibérale », elle-même se mettant en congé du PCF. Cette stratégie d’effacement et d’abandon du contenu du vote communiste sont, selon nous, les premières causes de l’échec. Dans les dix derniers jours de la campagne, alors que les sondages étaient au plus bas, la référence communiste est revenue timidement, en petit, « en bas de l’affiche ». Depuis dimanche soir et singulièrement au CN, la direction ne parle plus que du résultat du PCF, du recul du « vote communiste ».

On voudrait faire porter au Parti communiste le chapeau du naufrage électoral de la « gauche populaire et antilibérale », on ne s’y prendrait pas mieux !  La direction pratique elle-même la pédagogie de la fatalité du recul du PCF.

Puisqu’elle exclut toute autocritique, logiquement, la direction entend poursuivre la même stratégie comme si de rien n’était. Pour le second tour, elle reprend le slogan « battre la droite et réussir durablement à gauche ». Quand il faudrait appeler à faire barrage à Sarkozy, parce qu’il porte outrageusement les options du MEDEF et de l’impérialisme, la direction continue d’entretenir l’illusion d’une véritable politique « de gauche » avec le social-libéralisme, hier engagé pour le OUI, aujourd’hui tendant la main à Bayrou ! Les remettre à « gauche » du haut du 1,9%, comme c’est crédible ! On continue à se détourner des luttes qui seront pourtant décisives dans tous les cas de figure. Même stratégie égale mêmes résultats prévisibles, notamment pour les législatives, avec des nuances locales, espérons-le.

Le CN a décidé de la tenue d’un congrès extraordinaire à la fin de l’année, en se laissant des marges sur les dates et son organisation. A priori, c’est une décision inévitable à laquelle nous appellerions dans le cadre d’un fonctionnement normal pour que la direction rende des comptes et en tire les conséquences. Mais on peut se douter que ce ne sera pas l’ordre du jour et l’on connaît la capacité des directions à boucler un congrès (malgré des failles). A la suite du CN, on peut envisager pire que la continuité. Plusieurs intervenants autorisés ont évoqué un congrès « ouvert » à des non-communistes, vraisemblablement de la gauche social-démocrate « antilibérale ». D’autres ont mentionné la tenue fixée d’un congrès du PGE à l’automne que suivrait le congrès extraordinaire. On sait que la « recomposition » des gauches avec l’éradication des partis communistes est en route en Europe et que le PGE en est un acteur zélé. Le PDS allemand finit de se dissoudre dans le « parti de la gauche » ouvertement social-démocrate et pro-européen. En Italie, Refondation communiste prépare la même transformation.

La direction du PCF envisage-t-elle un même scénario que ses comparses du PGE, d’autant plus si le rapprochement PS-UDF se concrétisait ? C’est ce que l’on pourrait déduire de l’intervention au CN de Jean-François Gau, un des inventeurs de la Mutation. Il estime que la « question de la raison d’être du PCF est posée comme elle se pose dans tous les pays ». L’adhésion à une « gauche antilibérale » pourrait ne pas être incompatible avec le maintien d’un PCF croupion, syndicat d’élus satellisés au PS, mais gardant la propriété du nom. Ce choix n’est évidemment pas incompatible non plus avec le pôle de « radicalité » que réclament les refondateurs, précurseurs du processus de liquidation qui adoptent maintenant, c’est cocasse au CN, une posture d’opposants gauchistes.

Un communiste averti en vaut deux. Alors avec 10 ans d’expérience de la mutation-liquidation du Parti ! Nous connaissons aussi très bien la méthode utilisée par la direction pour se déjouer des résistances des communistes : la mise à l’écart graduelle des opposants. La dévitalisation des organisations de base du Parti éloigne les militants les plus engagés dans les luttes. A chaque congrès, à chaque stade de la mutation, des camarades opposants s’en vont. Aujourd’hui, 90% des effectifs de 1994 ont disparu. A chaque étape, la direction s’appuie sur l’attachement au Parti (parfois matériel), du légitimisme d’un nombre suffisant de ceux restent. Un des objectifs de la direction dans la campagne, pensons à Bercy, a bien été de ressouder à elle des milliers d’adhérents et de les associer au résultat. Elle a même joué pour cela de la peur de disparition du parti que ses propres orientations favorisent. En décembre, la réaction de milliers de communistes (d’ex et de sympathisants), la persistance du phénomène communiste, ont mis en échec l’opération d’élimination du Parti avec les collectifs antilibéraux. Pendant la campagne, la direction s’est évertuée à atténuer la crise de confiance pour mieux aller dans la même direction.

Pourquoi rester dans cette galère nous demande-t-on souvent ? Parce que le parti communiste est un outil irremplaçable au monde du travail pour combattre le capitalisme. L’acharnement anticommuniste, sans rapport avec le 1,9% le confirme. Parce que le PCF est un acquis politique également irremplaçable (pour un bon moment encore) du mouvement ouvrier en France par ce qu’il représente dans l’Histoire et l’inconscient collectif du pays. Les limites des expériences de certains de nos (bons) camarades à reconstituer un PC en dehors me le confirment. Parce que la direction du Parti arrive à des contradictions insurmontables dans son processus de liquidation. La question du nom, de sa signification (même si elle s’applique à la dévaloriser) est essentielle. Peut-on se dire communiste et être opposé à la propriété collective des moyens de production et d’échange ? Parce que peu à peu, avec retard et frustration, de plus en plus de communistes s’organisent et se coordonnent pour faire face et défendre leur parti. Les grains de sable ont commencé à s’agréger au 33ème congrès.

Un camarade me disait : « heureusement que les séances du CN ne sont pas retransmises à la télé ; ça dégoûterait les collègues et les camarades ». Il n’y a aucune possibilité de remettre l’appareil dirigeant sur les rails de la lutte des classes. Il n’y a aucune chance d’y remettre le parti par une bataille d’appareil. Je ne me suis jamais fait la moindre illusion là-dessus. La perspective est dans notre capacité à faire vivre le point de vue communiste malgré la ligne de la direction, en contradiction avec l’idéologie dominante de la mondialisation capitaliste et de son relais européen, l’UE. Elle est dans notre capacité à faire vivre nos organisations du parti, cellules, sections, groupes…, malgré la stratégie de la direction, sur des bases de classes et sur le lieu de l’exploitation, à faire des (ré)adhésions. C’est en étant fidèles à notre engagement que nous pourrons sauvegarder et reconquérir le PCF, plus que jamais nécessaire face au capitalisme mondialisé. Tout pas dans ce sens est déjà valable en lui-même.

Emmanuel DANG TRAN, secrétaire de la section PCF Paris 15, membre du CN du PCF

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